Les frères Karamazov (Dostoïevski / Maudet & Fenoy)

Une réus­site incontestable

C’est un défi ambi­tieux que relève le Théâtre de l’Arc-en-ciel. L’adaptation du der­nier roman de Dos­toïevski  sup­pose d’incarner des per­son­nages parais­sant défi­nis par la pro­fon­deur de leur inté­rio­rité. Il s’agit éga­le­ment de pré­sen­ter un cadre suf­fi­sam­ment sombre pour figu­rer les pos­si­bi­li­tés d’élévation spi­ri­tuelle, suf­fi­sam­ment souple pour offrir l’occasion des débor­de­ments de vita­lité, sinon d’agressivité, dont sont sus­cep­tibles Les frères. L’ambiance ins­tal­lée par le décor, grands frag­ments d’arbres blan­chis, façon Anselm Kie­fer, la musique lente et caver­neuse ambiance Lisa Gerhard convient par­fai­te­ment. On est presque sur­pris de la pré­sen­ta­tion simple des per­son­nages, qui nous ins­crit d’emblée dans l’ordre d’une nar­ra­tion qui court le risque d’être pesante. Mais la Com­pa­gnie fon­dée il y a cin­quante ans par Oli­vier Fenoy, qui tra­vaille dans l’esprit d’incarnation du texte ini­tié par Jacques Copeau, place les acteurs en pleine charge de por­ter l’intrigue et de se jeter dans leur per­son­nage.


De fait, la mise en scène laisse la plus grande place aux comé­diens, qui portent le texte avec enga­ge­ment et convic­tion. Pour­tant la scé­no­gra­phie n’est pas effa­cée, elle pro­cède de choix sobres et effi­caces : copré­sence des dif­fé­rents pro­ta­go­nistes de la pièce, le pla­teau pré­sen­tant alors poten­tiel­le­ment plu­sieurs tableaux, varia­tions de rythmes mar­qués par la musique et les chan­ge­ments brusques d’attitude des per­son­nages capables de vio­lence. L’ensemble pro­cède de choix simples, témoi­gnant d’un tra­vail fouillé, col­lec­tif, cohé­rent d’adaptation et de recherche d’authenticité. Il en résulte un spec­tacle habité, qui pro­cède d’ellipses habiles et sug­ges­tives. Une réus­site incon­tes­table, franche et édi­fiante dans sa sobriété.

chris­tophe giolito

Les frères Karamazov

De Fio­dor Dostoïevski

Mise en scène Cécile Mau­det, Oli­vier Fenoy

 Avec Oli­vier Fenoy (Fio­dor Pav­lo­vitch Kara­ma­zov) ; Bas­tien Ossart (Dmi­tri Feo­do­ro­vitch) ; Jean-Denis Monory (Ivan Feo­do­ro­vitch) ; Gabriel Perez (Alexeï Feo­do­ro­vitch) : Laurent Cha­roy (Smer­dia­kov) ; Peggy Mar­ti­neau (Grou­chenka) ; Lau­rence Cor­dier (Kate­rina) ; Julien Mar­cland (Mous­sia­lo­vitch) ; Ber­trand Boss (Sta­ret Zos­sima) ; Jean-François Sin­ger (Gré­gory) ; Sophie Milch­berg (Maria) ; Coren­tin Bros­set (Andrej).

Tra­duc­tion André Mar­ko­wicz ; adap­ta­tion et dra­ma­tur­gie Iris Aguet­tant, Cécile Mau­det, Oli­vier Fenoy, Bas­tien Ossart ; direc­tion musi­cale Eve­line Causse ; scé­no­gra­phie Eric Bap­tista ; son Phi­lippe Rabu­teau ; lumières Phi­lippe Bour­geais ; cos­tumes Chan­tal Rousse.

Pro­duc­tion : Théâtre de l’arc en ciel

Le spec­tacle a béné­fi­cié du sou­tien de l’Adami et de Pro­fil scène.

Au Théâtre de l’Epée de Bois, La Car­tou­che­rie, Route du Champ de Manœuvre 75012 PARIS

Du 5 mars au 13 avril 2014, du mer­credi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h. Durée 3h.

Le texte dont est tirée la pièce est publié aux édi­tions Actes Sud dans la Col­lec­tion « Babel » en 2002.

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