L’art mots nie

(Com­ment écrire)

Lhomme d’abord a écrit, ou peint sur les parois ver­ti­cales et les fron­tons des temples. Mais c’est de la ten­sion entre les deux dimen­sions que naît la troi­sième et la seule inté­res­sante : la table.

Aux mots-objets  — selon des ren­ver­se­ment d’arrière en avant à peine per­cep­tibles -, elle donne des mou­ve­ments de la main. L’écriture ne devient plus tota­le­ment ver­ti­cale ou hori­zon­tale mais oblique. Par­fois avec un empres­se­ment quasi éro­tique si l’objet (le réfé­rent) est  hors des  signi­fi­ca­tions cou­rantes. D’autant que l’écrivant peut join­toyer des vocables soit plus épais, actuels ou en abyme.

L’écri­ture met donc en branle sans scru­pules des genres les plus variés pour signi­fier la musi­ca­lité maté­rielle de la logique du texte avec trom­pettes, clai­rons, buc­cins, fifres, flûtes, harpes, bas­sons, bour­dons, tin­touins, chan­sons, bali­vernes et fre­dons. Mais ce qui est ébau­ché, voire envi­sagé, ni ne dévi­sage, ni ne désha­bille tant les mots se dérobent — et c’est un comble.

jean-paul gavard-perret

photo : Carla Chi­noisi d’Olmo

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