Coralie Akiyama, Dévorée

Au milieu des affreux et des méchants

Fran­çaise, Cora­lie Akiyama a vécu au Japon où elle tra­vaillait dans des entre­prises japo­naises avant de par­ta­ger désor­mais sa vie entre Paris, Tokyo et Tel-Aviv . Son quo­ti­dien lui a ins­piré son deuxième roman qui plonge dans le quo­ti­dien tran­quille d’une famille d’un quar­tier rési­den­tiel de Tokyo.

Dévo­rée évoque une tran­quillité dans la cité japo­naise qui va être bou­le­ver­sée d’une façon très étrange, là où tout glisse entre réel et fan­tas­tique. L’héroïne est une femme exem­plaire avant qu’un un moment de sa vie déraille et se trans­forme en une intrigue pas­sion­nante et angois­sante. Le tout dans une véri­table chro­nique du quo­ti­dien d’une famille japo­naise et une intru­sion dans le monde de l’entreprise avec le patron à l’ancienne de Nat­suka à la tête d’une usine de vête­ments pour bébé, dépassé par la moder­nité et qui peine à sur­vivre selon un jeu social tout en « pre­nant l’habitude d’ouvrir les rideaux chaque matin ».

La société japo­naise est dépeinte dans tous les petits détails du quo­ti­dien, de la légè­reté à la ter­reur. On voit les ter­rains de golf en plein centre-ville, les pro­me­neurs de chiens, des pro­grammes télé déli­rants. L’auteure s’inspire de sa propre expé­rience et décrit des couples qui vivent non pas ensemble mais en paral­lèle, tout en évo­quant la pres­sion qui pèse sur les épaules des hommes, le tra­vail, l’alcool. La force des uns contraste avec la fai­blesse des autres. Les per­son­nages fémi­nins sont encore plus fra­giles, leur exis­tence ne tient qu’à un fil dans un uni­vers à la Kafka tant les per­son­nages sont pris au piège.

L’émo­tion est là pour écrire ce qui devient une his­toire uni­ver­selle là où l’héroïne se retrouve com­plè­te­ment dépas­sée par la situa­tion au milieu des cyniques et très orga­ni­sés. Pas de trans­cen­dance ni de valeurs morales : ils ne sont ani­més que par une forte soli­da­rité de clan, une grande soif de pou­voir et de narcissisme.

lire notre entre­tien avec l’auteure

jean-paul gavard-perret

Cora­lie Akiyama, Dévo­rée, Vibra­tion Edi­tions, 2021, 22 p. — 20,00 €.

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Filed under En d'autres temps / En marge, Romans

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