Avec François de Cornière, il n’existerait plus d’atelier qui enfermerait le poète avec son chevalet et sa palette. Certes, il y a pour lui des sortes de cadres et – forcément — de cornières…. Le tout pour penser l’existence par l’évocations des petits riens – ce que les italiens nomment les « nonnulle » — du quotidien.
Les façons d’être devient la première anthologie personnelle de l’auteur. Elle réunit ses poèmes les plus marquants ainsi que de nombreux inédits. L’auteur nous montre combien il à ce qui arrive dans les détails, qui prennent toujours une importance par la force de l’écriture.
A chaque contexte rattaché à son expérimentation, l’auteur se vit à la fois comme contenu et « métaforme » de sa poésie Par son inscription conjoncturelle, il se situe loin du naturalisme comme du symbolisme. Au sein de l’éclatement des procédures se croisent et reposent la question de l’originalité et de l’identité de l’œuvre qui ne se contente pas de réceptionner ce qui est.
L’émotion — celle qui n’est pas de surface — reste toujours là où on ne l’attend pas. Mais de Cornière a horreur des effets : à un express qui déraille, il préférera toujours une suite de pas. Et s’il s’agit pour lui de montrer l’amour il préfère évoquer la porte d’une chambre qui se referme sur des amants. D’où l’apparition de l’écluse d’une destinée plutôt que d’offrir des ébats. L’œil des serrures est impassible, mais il aboutit à un imaginaire qui fascine.
jean-paul gavard-perret
François de Cornière, Les façons d’être, Le Cator Astral, 2024, 232 p. — 19,00 €.