Wieselec, L’automne ou le sac de Rome

Rome and Rock

Suite de son « Hard­core », « L’automne ou le sac de Rome », (Vau­de­ville punk en trois actes), Wie­se­lec pour­suit la même veine voire en plus com­plexe, com­pli­quée mais en un lan­gage apo­ré­tique quoique châ­tié et obs­cène où se découvre une forme de Sati­ri­con en 1527 ennéa­syl­labes à la rime clas­sique où l’épique plonge mais avec beau­coup de grâce et d’ellipses dans des eaux dou­teuses.
Alors glis­sons — après tout — dans cette ver­sion  bour­geoise » et sa manne venue d’un en haut , là où elle se répan­drait géné­reu­se­ment sur la popu­la­tion à la fois éclai­rée mais dans les marges, le tout dans un iro­nie réus­sie et pour  divers  “besoins” nécessaires.…

D’une cer­taine manière, cela se déve­loppe hors-sol, sur le modèle des cultures hydro­po­niques. L’enjeu est de taille là où Wie­se­lec redonne au geste poé­tique une place et une puis­sance réelle. La notion de diver­tis­se­ment résiste en une excel­lence faus­se­ment hié­rar­chi­sante soit par appro­pria­tion par une élite à fins d’accumulation de capi­tal sym­bo­lique, soit pour un pire. Il s’agit dans un jeu de déchi­rures afin de les recoudre en de grands bou­le­ver­se­ments lit­té­raire où la ten­dance à sou­mettre les outils du sym­bo­lique n’est pas for­cé­ment de reprendre le des­sus. Et cela  réjouit.

Certes, Wie­se­lec s’éloigne de la vie ordi­naire mais tout en s’en rap­pro­chant, par la bande d’autant que eu égard à une his­toire cer­taine qu’on a (volon­tai­re­ment) envie de com­prendre. L’auteur invente une sorte de bien com­mun, lot d’une forme de mino­rité de classe — ou de caste. Mais celle-ci perd son usage poli­tique pour être uti­li­sée à des fins contraires. L’auteur ne cultive pas une «dis­tinc­tion» à la Bour­dieu. Emerge une notion de poé­sie autant sophis­ti­quée que brute. Nous pou­vons oser ici la défi­ni­tion d’une poé­tique des inadap­tés, ils sont les témoins de ce que nous res­sen­tons sans pou­voir vrai­ment l’assumer ni l’exprimer.

jean–paul gavard-perret

Wie­se­lec, L’automne ou le sac de Rome, édi­tions Aetha­li­dès, Lyon, 2024, 178 p. — 19,00 €.

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Filed under Poésie, Théâtre

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