Lucia di Luciano qui, nonagénaire, vit et travaille toujours à Rome, reste une figure majeure du mouvement artistique italien Arte Programmata. Elle lança dans les années 1960 deux projets artistiques — Gruppo 63 et Operativo — innovants et utopiques. Elle a redéfini la relation entre l’individualité et la collectivité à l’aide des nouvelles technologies et s’est mise à expérimenter la théorie des couleurs et le concept de grille en surface plastique.
Depuis 2016, à l’âge de 86 ans, elle s’est affranchie de sa rigueur d’antan et a élargi ses recherches d’une manière nouvelle, libre et décomplexée. Ces nouvelles peintures sont aussi libérées et déconstruites quoique synonymes d’une large histoire de l’abstraction explorée au pinceau pour la radicalité géométrique et répétitive de motifs issus de données rationnelles.
L’artiste expose ici sous le titre d’ Essenzialità une série de tableaux chez Lovay Fine Arts. Ils furent essentiellement conçus durant ces derniers mois. Alors que pendant plus de quarante ans, Lucia di Luciano s’est adonnée sans relâche à une rigoureuse abstraction, quasi mathématique, finalement elle laisse un vagabondage à ses motifs de grille en expérimentant la couleur avec une conscience de la composition toujours incroyable.
Le quadrillage s’agence de façon organique, vibre souplement sur l’espace de la toile en jouant élégamment avec la lumière et la palette chromatique. C’est comme si apparaissait “une jeune artiste de 90 ans”, dit le galeriste.
jean-paul gavard-perret
Lucia di Luciano, Essenzialità, Lovay Fine Art, Genève, automne 2024.