Contre l’insignifiant et l’arbitraire
Entre facétieux et favorable, Philippe Favier offre aujourd’hui le cosmos dans une assiette en verre. Ce monde insolite est souligné par David Quéré selon son imaginaire d’un cartographe méticuleux mais paradoxal.
Il se voue à l’érection de territoires fantastiques pour épouser le cosmos indépendant « alternatif » dans le sens du grand et du petit transformés en une suite pieusement iconoclaste. A partir de l’infiniment petit, le grand se cache, comme si deux globes s’emboîtaient l’un dans l’autre en poupée gigogne.
Les deux créateurs nous font sortir de notre aliénation perceptive entre myopie et hypermétropie. Surgit une fantasmagorie qui brasse et reprend ce que le traitement de l’image et de l’écriture (mal)traite les registres admis dans une telle connexion.
Nous sommes confrontés à des univers entièrement insolites compatibles avec le monde familier même s’il tient le cosmos en mystérieuses transformations. Les créateurs changent de formes, parfois d’échelles ou de couleurs. Ils n’obéissent plus aux mêmes lois, ne se déplacent plus de la même façon et parfois entrent en conflagration.
Lignes, formes, formats semblent perdre leurs propriétés. Ces deux univers sont aussi identifiables qu’inimaginables. Ne s’y trouvent pas de monstres venus d’autres planètes : tout y est terrestre, reconnaissable mais répond à une autre « économie ».
jean-paul gavard-perret
Philippe Favier, David Quéré, Un bouquet d’asters, Fata Morgana, Fontfroide le haut, 2024, 16 p.