Un récit intimiste et touchant !
Julie, une parisienne trentenaire arrive aux Trémières, la maison familiale de vacances en compagnie de Coline, sa cousine. Elle a le cafard car c’est son premier été sans Thomas et le dernier dans les lieux. Elle est enceinte de plus de sept mois et Thomas s’est tué en bagnole en rentrant bourré d’une soirée. L’oncle Albert, un des trois frères propriétaires de la maison, a besoin d’argent et demande sa part. Il faut sans doute vendre car les prix de l’immobilier, dans la station balnéaire, ont bien augmenté.
Ce sont les retrouvailles, le plaisir d’être ensemble, de partager des moments de plaisir, de convivialité. Ce sont les souvenirs qui remontent, les joies, les peines, les anciens amis que l’on retrouve le temps d’une soirée. C’est la nostalgie qui s’installe, une période qui s’achève sauf si…
Mais le récit raconte une autre histoire, celle d’une petite fille qui…
L’album comporte quatre parties et un épilogue. Si l’histoire débute en 2015, elle retourne en 1968, puis en 1959 avant de revenir en hiver 1968 jusqu’à l’épilogue heureux de 2015. La scénariste qui s’appuie sur ses propres souvenirs, dans des conditions analogues, fait de la maison le personnage principal. C’est un personnage auquel certains sont très attachés pour différentes raisons. C’est aussi, un lieu de réunification pour une famille, ces réunions où on se sent entouré, où les soucis et les peines s’estompent avec le sentiment d’appartenir à un groupe soudé. Mais quand une faille se glisse, que l’existence cause des cassures, le doute s’installe, des émotions moins fraternelles se font jour.
C’est aussi un refuge, la transmission, l’héritage dans tous ses sens possible, les traces laissées. Pour ces dernières, l’auteure imagine un message sur un mur. Cet album est une nouvelle édition de La maison de la plage (Marabulles) devenu, chez Bamboo, Tous nos étés.
Victor L. Pinel, un dessinateur espagnol, signe la mise en images, réalisant dessin et couleurs. Pour cette histoire, il présente un dessin réaliste, simplifiant cependant les traits, ne retenant que ceux essentiels pour montrer les personnages, leur faire exprimer sentiments, émotions, les faire évoluer dans les différentes situations où ils vont se retrouver. Il transpose le scénario avec un sens très précis du cadrage et de la lumière. Il place des couleurs délicates, bien en rapport avec les époques où se déroulent les différentes parties.
Un récit intimiste autour du point d’ancrage d’une famille, un refuge qui fait resurgir tant de souvenirs heureux, mis en images avec maestria par ce créateur talentueux.
serge perraud
Séverine Vidal (scénario) & Victor L. Pinel (dessin et couleurs), Tous nos étés, Éditions Bamboo, Label “Grand Angle”, juin 2024, 160 p. — 19,90 €.