Serge Le Tendre & Frédéric Peynet, Sisyphe — Le Châtiment des Dieux

L’homme qui se croyait le plus rusé…

Le Tar­tare, le lieu de sup­plice des plus grands cri­mi­nels, se situe sous les Enfers. C’est là que Sisyphe expie ses crimes, lui un humain ayant voulu trom­per les dieux. Tout com­mence quand, dans une crique, Sisyphe et son fils Glau­cos, attendent Médée qui ère de pays en pays depuis son impli­ca­tion dans le vol de la Toi­son d’Or. Contre la pom­made qui a servi à Jason, il lui a pro­mis une embar­ca­tion. Or, celle-ci est pour­rie, la voile déchi­rée. Médée le mau­dit et lance une malé­dic­tion sur Glau­cos. Celui-ci se met à dépé­rir. Sisyphe va alors employer tous les moyens pour le sau­ver. Il passe un pacte avec Tha­na­tos À chaque nou­velle lune, il devra tou­cher une per­sonne qui mourra et ce, jusqu’à l’âge adulte de Glau­cos. Il devient un cri­mi­nel qui va ten­ter le tout pour le tout…

Serge Le tendre pour­suit son explo­ra­tion de la mytho­lo­gie grecque. Il a déjà régalé ses lec­teurs avec Pyg­ma­lion et la vierge d’ivoire où cet homme est amou­reux d’une sculp­ture idéa­li­sant la femme. Avec Asté­rios le Mino­taure, il revi­site de belle manière les facettes de ce monstre. Il approche Sisyphe, cet homme condamné à pous­ser une énorme pierre  jusqu’au som­met d’une col­line mais elle dévale avant d’atteindre le but. Il faut recom­men­cer et ceci… pour l’éternité. Si ce per­son­nage n’occupe pas une place essen­tielle dans les récits mytho­lo­giques, il faut sou­li­gner qu’il est l’un des fon­da­teurs de la ville de Corinthe qu’il a su déve­lop­per et faire pros­pé­rer. Mais il se défi­nit comme le plus rusé des hommes et c’est cette opi­nion qui le per­dra.
Albert camus a fait de cette his­toire, dans un essai phi­lo­so­phique, un mythe, un sym­bole de l’absurdité de la vie humaine. Si le pro­pos est assez dur, le scé­na­riste place des doses d’humour et donne un envi­ron­ne­ment attrayant au par­cours de cet homme, fai­sant inter­ve­nir nombre de dieux et déesses dans son récit.

Frédé­ric Pey­net, qui s’est fait remar­quer avec, par exemple, Les Ves­tiges de l’aube ou Le Pro­jet Blei­berg (Dar­gaud), assure un des­sin réa­liste et une cou­leur tout aussi réa­liste. Il donne une belle expres­si­vité à ses dif­fé­rents pro­ta­go­nistes et les atti­tudes sont bien ren­dues. Il signe des décors lumi­neux, rap­pe­lant leurs éclats. Il réa­lise un beau tra­vail sur la mise en page et assure une lec­ture très agréable de l’histoire.
Un bel album qui remet à l’honneur un héros mytho­lo­gique dont on ne se rap­pelle que de son sup­plice. Le gra­phisme élé­gant sert magni­fi­que­ment le récit.

serge per­raud

Serge Le Tendre (scé­na­rio), Fré­dé­ric Pey­net (des­sin et cou­leur), Sisyphe — Le Châ­ti­ment des Dieux, Dar­gaud, août 2024, 64 p. — 17,95 €.

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