L’Empire romain conquiert de plus en plus de terres. Ce qui deviendra l’Angleterre est occupé. Mais la partie nord de l’île, même si les tribus Scots se font la guerre, résiste à l’envahisseur.
Éric Corbeyran aborde cette partie de la conquête romaine, une conquête bien difficile qui se soldera, d’ailleurs, par la construction du mur d’Hadrien, une muraille de près de 120 kilomètres de long, « Ils sont fous ces Romains ! », construite entre 122 et 124.
Le scénariste entremêle l’histoire de Caledonia, qui deviendra l’Écosse, et une partie de la mythologie celte, dans cette lutte contre l’envahisseur. Il fait passer une partie du récit à travers les écrits du centurion qui explicite ses prises de décision et sa façon de régler cette situation. Les Romains souhaitaient pacifier ce territoire en guerre perpétuelle. Parallèlement, il montre les Scots, leurs croyances, leurs façons de vivre, de combattre, leurs légendes et leur pugnacité à combattre.
Au début du IIe siècle de notre ère, en Caledonia, une chamane prépare cinq jeunes gens qui embarquent pour une destination inconnue.
Une centurie de légionnaires, dirigée par Lucius, est en marche. Alors qu’elle s’engage dans un défilé, une chute de rochers précède une horde de guerriers et guerrières. Le combat est féroce. Si les Romains perdent quinze hommes et ont cinq blessés, ils s’emparent de Leta, la fille de Galam. C’est le chef de la tribu qui a tendu l’embuscade, une tribu à la pointe des combats. Chez les légionnaires, qui tiennent un petit poste avancé, la sortie calamiteuse est contestée et l’autorité de Lucius remise en cause.
Chez les Caledonii, c’est la satisfaction d’une bataille gagnée même si Leta est prisonnière. Lucius va chercher à négocier avec cette femme indomptable, mais du côté des autochtones, les préparatifs guerriers s’intensifient…
Le dessin d’Emmanuel Despujol est réaliste, efficace, avec une économie de traits laissant une ample place à la mise en couleurs de Juliette Despujol qui use largement d’à-plats. La mise en page est travaillée pour exploiter au mieux la tension du scénario. Les combats sont bien restitués et des double-pages détaillées sont très peuplées. Les colonnes de soldats en marche, les échauffourées, les tensions entre les protagonistes sont fort bien mises en valeur.
La colorisation rend palpable l’atmosphère grisâtre qui règne, la pluie, la neige, le froid, la boue car l’action commence à la veille des ides de Martius (Mars).
Ce premier volet d‘une trilogie est fort attrayant, dynamique, avec une mise en images réussie.
serge perraud
Éric Corbeyran (scénario), Emmanuel Despujol (dessin) & Juliette Despujol (couleurs), Caledonia — t.01 : La IXe Légion, Soleil, coll. “Fantastique”, mai 2024, 56 p. — 15,50 €.