On les appelait Les Preux. Ils étaient cinq au service de la princesse Cassia, l’héritière du trône de Pesh. Lorsque Cassia succombe, Les Preux disparaissent, sombrant peu à peu dans l’oubli.
Vingt ans plus tard, dans le village de Fondletang, quatre jeunes gens se forment sous l’autorité de maîtres. Ceux-ci arrivés un jour mais ne parlent jamais de leur passé. Les apprentis sont jalousés par d’autres jeunes qui doivent travailler aux champs, des envieux menés par Nahith. Entre moqueries et amitiés, la vie coule dans ce coin perdu du royaume.
Tout change quand un messager transmet la demande d’Abélard, qui demande aux quatre Preux de le rejoindre. Ils laissent leurs apprentis, promettant de revenir dans un mois. Le temps passe et sans nouvelles, les quatre apprentis décident d’aller les rechercher dans la capitale. La magicienne ne connaît que trois sorts mineurs, le guerrier ne s’est jamais battu, le soigneur préfère les fleurs au combat et la roublarde n’est pas aussi douée qu’elle le pense.
Après un voyage éprouvant, une surprise les attend. Les portraits de leurs maîtres sont placardés sur tous les murs, sur des avis de recherche. Ils sont présentés comme des criminels.
Or, en partant, le maître d’armes a confié à son épée. Et celle-ci semble être l’objet de toutes les recherches. Avec leur formation bien incomplète, le groupe doit faire face à…
Un récit drôle, désopilant et tonique, un récit sur l’apprentissage, sur la transmission des savoirs ici, plutôt moins réussie. Olivier Gay met en action un groupe de personnages choisis avec soin pour avoir une belle palette de réactions face aux situations, des approches variées face aux aléas de l’existence, à la manière de se confronter aux difficultés.
La magie se présente sous plusieurs formes et les auteurs n’hésitent pas à proposer des fiches explicatives donnant les formules à employer, les effets que l’on peut en attendre, mettant toutefois en garde contre des risques potentiels.
N’ayant jamais quitté leur petit village perdu, ces jeunes gens se retrouvent confrontés à des situations totalement inédites pour eux. Cependant, ils sortent, à défaut d’être vainqueurs, en échappant aux dangers. Et ceux-ci sont pléthoriques sur leur route, dans la poursuite d’une quête où le scénariste multiplie les déboires.
L’intrigant sous-titre trouve une belle explication lors de la lecture.
Olivier Boiscommun assure le dessin et Aurélie F. Kaori la mise en couleurs. C’est en 1994 qu’il publie son premier ouvrage, L’Histoire de Joe. Depuis, il travaille en tant qu’auteur complet ou en collaboration avec de nombreux scénaristes dont Dieter, Denis-Pierre Fillipi, Alejandro Jodorowsky, Jean Dufaux… Chez Drakoo, les lecteurs lui doivent le dessin de Danthrakon avec Christophe Arleston et le présent album.
Avec son trait particulier, son art de proposer des personnages atypiques aux allures semi-caricaturales, il offre des planches très agréables à l’œil et d’une belle lisibilité. Celle-ci est renforcée par les couleurs d’Aurélie F. Kaora qui joue superbement avec le mariage des teintes.
C’est un album débordant d’humour et d’actions, une histoire contée avec verve et un graphisme plaisant à regarder. Que demander de plus ?
serge perraud
Olivier Gay (scénario), Olivier Boiscommun (dessin) & Aurélie F. Kaora (couleurs), Les Apprentis — Du miel et des cailloux, Éditions Bamboo, Label “Drakoo”, juillet 2024, 96 p. — 18,90 €.