Que la lutte contre la criminalité est…
Duncan McCormack est un inspecteur de police qui a mis fin aux crimes du Quaker, un tueur en série composé d’un couple de criminels. Parce qu’il a fait tomber Peter Levein, le grand patron de la police judiciaire de Glasgow pour corruption, il a dû quitter la ville et s’engager dans les rangs de la Metropolitan Police de Londres.
Après une histoire sentimentale de trois ans et demi et avoir servi six ans dans la capitale, il est de retour dans la ville pour faire le job. Il veut faire tomber Walter Stuart Maitland. Celui-ci trempe dans tous les domaines criminels de la ville : drogue, protection monnayée, paris clandestins, filles…
Alors qu’il rentre d’un jogging, l’inspectrice Liz Nicol, une de ses équipières, l’attend au pied de son immeuble. Alan Haddow charge sa brigade d’enquêter sur un meurtre dans le quartier Partick. Là, sur un tas d’ordures, ils découvrent le cadavre d’un homme torturé, tabassé à mort. Or, quelques jours avant, l’incendie d’un dépôt d’alcool de contrebande a entraîné la mort de quatre personnes brûlées vives, une mère et sa fille, un vieil homme et un corps non identifiable.
Mais, quand une bombe explose dans un pub tenu par le mafieux Hugh Maitland, le frère de Walter, Duncan et Liz se retrouvent au cœur d’un maelström d’événements qui les place en situation périlleuse…
L’enquête est menée par le superbe duo que forme ce policier rejeté par les siens parce qu’il a combattu une corruption au sein de la police, qui est homosexuel, et cette inspectrice, une des rares femmes qui exerce cette profession à l’époque dans un milieu macho au possible. Le romancier place son récit entre le 22 juin et le 16 juillet 1975. Il ne faut pas oublier que c’est seulement en 1967 que l’homosexualité n’est plus un crime en Angleterre et au pays de Galles. Cette loi n’est légalisée en Écosse qu’en 1980 et en Irlande du Nord en 1982.
Pour chaque personnage, Liam McIlvanney livre une étude détaillée, dressant des portraits psychologiques d’une grande profondeur, montrant les diverses figures qui évoluent dans cette ville gangrénée par le crime. La corruption est patente dans tous les secteurs, dans tous les milieux. Il brosse une remarquable étude de mœurs, une peinture sociale des notables aux criminels, matérialisant les ségrégations de fait. Il fait état de la tension entre religion, la guerre plus ou moins larvée entre catholiques romains et anglicans, entre catholiques et protestants.
Dans un Glasgow glauque à souhait, où le crime règne en maître, le romancier lance ses héros dans un traque pour tenter de mettre hors d’état de nuire une bande de malfrats qui ont pignon sur rue. Mais les liens entre des groupes de policiers corrompus, ambitieux, les deals passés avec des truands de la pire espèce peuvent-ils justifier le fait que la fin justifie les moyens ?
Et l’auteur raconte avec un souci du détail et la volonté d’être le plus authentique possible l’histoire récente de la ville, de ses quartiers, donne les noms de lieux de son intrigue et les situations de l’époque. Il livre une belle explication sur la mise à feu pour que cela paraisse accidentel, sur la propagation des flammes, les incidences de la chaleur sur certains éléments.
Avec une intrigue divinement charpentée, des enquêteurs au fait des différents échelons dans la population de la ville, Liam McIlvanney offre une enquête envoûtante jusqu’à un dénouement surprenant.
serge perraud
Liam McIlvanney, Retour de flamme (The Heretic), traduit de l’anglais (Écosse) par David Fauquemberg, Éditions Métailié, coll. “Bibliothèque écossaise – Noir”, mars 2024, 592 p. — 23,00 €.