Au temps emporte l’autant

(Com­ment ne jurer de rien)

Vierges de toute rela­tion, nous croi­sons des per­sonnes. Elles ne sont pour nous pas satu­rées de pré­dé­ter­mi­na­tions, en termes méta­phy­sique et phy­siques. Nous voici décon­tex­tua­li­sés, comme abs­traits, rame­nés à un état monas­tique de conti­nuité où notre esprit doit se confor­mer à une ren­contre mais en la mini­mi­sant au maximum.
Cet état de sus­pen­sion limite toute manière active. Se pro­duit dans le corps et l’esprit ce que nous lais­sons de côté. Certes, nous res­tons incar­nés mais une fonc­tion de trans­fert mini­mal s’opère.  Un esprit ou un corps qui plaît est censé à nous ins­truire. Mais tout reste un jeu intel­lec­tuel ou sexuel sans s’attacher.
La ren­contre dis­tend ces liens. Nous pou­vons nous sen­tir obli­gés de dis­po­ser d’un bon maté­riel, d’une bonne connexion men­tale et d’un fuseau horaire à peu près en phase avec l’autre. Mais notre part du hasard et  de l’arbitraire per­met de rater ce qui s’éterniserait. Toutes les contraintes inhé­rentes sont évacuées.
 Cha­cun est chez soi -  avec pho­tos,  chien, épouse ou mari,  enfants voire une (belle ?) maman qui encore fait la cui­sine. Mais tout pos­sible est un tri auto­ma­tique. Nul­leal­lées s et venues entre les dif­fé­rents salons ou hôtels, repas, pauses, café, trans­ports amoureux.
Notre vir­gi­nité est  donc bien orga­ni­sée loin d’une pré­oc­cu­pa­tion de chas­seurs et de chassés.
jean-paul gavard-perret
 
photo d’Agnès Varda

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