Les éditions Anspach renouent avec la biographie historique en souhaitant mettre en avant les grandes épopées et les grands personnages de l’histoire belge et européenne. Pour débuter, elles retiennent une figure marquante du Moyen-Âge, un homme dont la notoriété a traversé les siècles. Mais avant de devenir cette figure légendaire, Godefroy est d’abord un homme. Et c’est cette dimension que Rudi Miel veut explorer.
Godefroy incarne, dans la mémoire collective, l’image du preux chevalier ayant fait preuve de hautes valeurs morales. C’est la figure de la première croisade, en 1096, menant une foule délivrer Jérusalem pour, selon les termes du pape Urbain II, dans son prêche du 27 novembre 1095 : « …chasser cette vile engeance des régions habitées par nos frères d’Orient…». Il s’agit, en l’occurrence, des Turcs. Ceux-ci mènent des intrusions victorieuses dans l’Empire romain d’Orient gouverné par Alexis Ier Comnène, l’empereur de Constantinople. Et celui-ci appelle le pape à son secours.
Godefroy est une force de la nature, redoutable au combat, habile chasseur. Il est à la tête du duché de Basse Lotharingie depuis qu’il a repoussé les assauts du comte de Namur. Sa mère veut lui faire prendre femme et a retenu la belle Clotilde. Mais le hasard va lui faire rencontrer Aëlys, une jeune marginale, dont il tombe amoureux. Pendant ce temps, Urbain II prêche la croisade relayé par le moine Pierre l’ermite. Godefroy est sollicité…
Dans ce tome, les auteurs relatent les origines de l’engagement du héros dans cette croisade menée pour délivrer le tombeau du Christ, le Saint-Sépulcre à Jérusalem, un objectif plus porteur auprès des croyants que voler au secours d’un empereur qui a pris le pouvoir sur un coup d’État.
Si la renommée de Godefroy a traversé les siècles, les ressources et documents historiques le concernant sont rares et, pour certains, sujets à débats. C’est par un superbe travail sur la documentation que le scénariste a pu reconstituer l’essentiel de son parcours, un parcours riche en rebondissements.
Le dessin revient à Théo Dubois d’Enghien qui, en conformité avec ce genre de bande dessinée, livre un graphisme réaliste au possible. Il campe un homme de haute stature, travaillant avec les meilleures sources pour les accessoires et décors.
La mise en couleurs a été confiée à Felideus qui œuvre agréablement pour renforcer l’attrait des planches.
Un dossier historique complète l’album en revenant sur le mythe de l’homme, sur les origines de la croisade et sur les sources les plus connues. Un premier tome intéressant au possible, posant les bases réalistes d’une belle épopée.
serge perraud
Rudi Miel (scénario), Théo Dubois d’Enghien (dessin) & Felideus (couleur), Godefroy — T.01 : Le seigneur de Bouillon, Éditions Anspach, mai 2024, 46 planches et 8 pages de dossier didactique — 15,00 €.