Entre jeux du cirque et prééminence de la foudre, une histoire de relations entre humains et animaux, un récit dédié aux amoureux des chevaux. Aurélie Wellenstein met en avant un couple d’adolescents composé de Thalie, une jeune femme, et de Marcus, un cavalier exceptionnel. Elle est capable de communiquer avec les chevaux et se révolte contre le traitement qu’ils subissent. Marcus veut gagner pour acheter sa liberté et est prêt à tout pour cela.
Mais, peu à peu, Thalie va faire germer une autre vision, une autre approche des rapports avec les animaux, en l’occurrence ici, des chevaux. Et l’auteure décrit avec brio cette évolution. Elle fait du Circus Maximus une pièce centrale de son récit, cet hippodrome qui était le plus vaste, avec ses 600 mètres de longueur, de l’Empire romain. Elle aborde des thématiques fortes comme la relation au cheval, la place d’une jeune femme dans un monde masculin, les appétits de compétition et une plage sentimentale.
Thalie chemine avec son cheval dans la plaine quand un orage imprévu la rattrape faisant fuir son équipage. Seule, entourée d’immenses éclairs, elle entend le galop de fulgurs, des animaux fantastiques. Ceux-ci sont poursuivis par des hommes qui réussissent à capturer le meneur du groupe, ainsi que la jeune Thalie pour en faire une esclave. Ils font partie de l’écurie des Rouges et ont besoin d’un fulgur pour participer aux courses de chars lors de chaque Déluge, quand la foudre pilonne Rome.
Thalie s’offusque du traitement fait aux animaux, de la maltraitance qu’ils subissent pendant le dressage. Elle peut entrer en communication avec le fulgur, lui peut ressentir ses émotions. Elle rencontre Marcus qui doit le chevaucher lors de la prochaine course et qui veut tout faire pour gagner. L’argent au vainqueur lui permettra de retrouver sa liberté…
Le Circus Maximus, dans une Rome antique fantastique, voit se dérouler des compétitions de chevaux capables de s’électriser à l’approche d’un orage. Plusieurs écuries concourent de façon féroce car les gains sont importants.
Si la scénariste, qui adapte ici un de ses romans destinés à la jeunesse, introduit une dimension fantastique, une région où des orages dévastateurs mettent le pays sous la mitraille continue de la foudre, elle reprend des données historiques authentiques. On retrouve ces jeux qui séduisaient tant d’individus, les structures organisant ces divertissements et l’esclavage.
Beatrice Penco Sechi, née en Sardaigne, a une fascination pour les chevaux au point de pratiquer le saut d’obstacles en compétition. Elle possède son propre haras pour l’élevage de chevaux de sport. Qui mieux qu’elle pouvait mettre en images une histoire où cet animal est omniprésent ? Si ses chevaux sont attractifs, elle donne corps à une belle galerie de personnages les campant de belle manière.
Un album au sujet attachant pour son aspect historique, fantastique, pour les relations entre humains et animaux, le tout mis en images par une graphiste de talent.
serge perraud
Aurélie Wellenstein (scénario) & Beatrice Penco Sechi (dessin et couleur), Chevaux de foudre, Bamboo, Label “Drakoo”, mai 2024, 64 p. — 13,90 €.