Gérard Gavarry — une fois la carrière de Jean-Pierre Léaud terminée — propose cinquante-quatre textes sur son cinéma, son jeu, quelques souvenirs de l’acteur et les siens aussi égard à un tel sujet.
Il est fasciné par Léaud qui “ne tient pas en place. Quand ce ne sont pas les doigts, les mains, les bras ou le corps entier qui bougent, ce sont les yeux qui regardent à droite à gauche”. Dynamique, il incarne naturellement une forme de liberté et parfois de libertin. En laissant courir une sorte d’instinct où se cache toujours chez lui un fond de détresse. Et ce, des Quatre Cents Coups (1959) à La Mort de Louis XlV (2015). De plus, par son génie un tel artiste marque une sorte d’atemporalité de jeu dans sa technique.
Son chemin vagabonde à la façon d’un pacifique destrier mais sachant que son désarroi peut donner un ton résolu, bravache et presque inquiétant à son allure qui suggère toujours un mental facétieux.
En conséquence, ces épisodes de son parcours cinématographique vu et revu avancent toujours entre hier et aujourd’hui. Léaud prend souvent avantage sur lui car il sait couper court à ces vieilles obsessions et amours ancillaires. De son style, demeure tout ce qui est permis. Léaud parvient chaque fois à se défaire puis se refaire, sans chercher de vieilles ombres même avenantes.
Le dur désir de durer se transforme en son jeu fleur de peau aux aguets, en ordre et en désordre de bataille. Ce fut aussi un mode de vie. Il reste.
jean-paul gavad-perret
Gérard Gavarry, Le Cinéma de Léaud, P.O.L éditions, Paris, mai 2024, 112 p. — 15,00 €.