Les drigailles sont des fatras, vétilles, fragments, encombrement d’objets que Pozner reprend en poésie tant il demeure fixé à l’hétéroclite producteur de bien de pensées plus ou moins douteuses. Le poète déteste des grossissements démesurés lorsqu’il est question de son écriture. Il préfère lier des fils ténus sans trop de difficultés pour faire à chaque fois un nettoyage de printemps de la mémoire et du paysage et des choses par un tel tissage primesautier de bon aloi.
Certains éléments apparaissent avec distinction, avec les contradictions inhérentes des contraintes des lieux couplés avec la volonté du poète. Dans son arpentage, il sème un trouble et un désordre sans qu’il s’en inquiète vraiment. Le tout sans donner de leçon de morale mais de choses. Tout au moins, elle est édifiante d’un équilibre en un corpus cahotant et asymétrique.
L’abri de lieux propices à l’abandon dans un environnement neutre crée la réalisation physique de figures de langage. L’auteur nous y ramène en un double mouvement de contamination et d’ironisation de l’image en tant que figure de style et de représentation. Mais, ici, la métaphore ne soigne rien, ne cautérise en aucune façon la nature : elle la creuse car elle rend palpable, par la “matière”, la détresse de l’âme
jean-paul gavard-perret
Daniel Pozner, Drigailles, Propos2éditions, « propos à demi », 2023, 128 p. — 15,00 €.