Daniel Pozner, Drigailles

Rafrai­chis­se­ments

Les dri­gailles sont des fatras, vétilles, frag­ments, encom­bre­ment d’objets que Poz­ner reprend en poé­sie tant il demeure fixé à l’hétéroclite pro­duc­teur de bien de pen­sées plus ou moins dou­teuses. Le poète déteste des gros­sis­se­ments déme­su­rés lorsqu’il est ques­tion de son écri­ture. Il pré­fère lier des fils ténus sans trop de dif­fi­cul­tés pour faire à chaque fois un net­toyage de prin­temps de la mémoire et du pay­sage  et des choses par un tel tis­sage pri­me­sau­tier de bon aloi.

Certains élé­ments appa­raissent avec dis­tinc­tion, avec les contra­dic­tions inhé­rentes des contraintes des lieux cou­plés avec la volonté du poète. Dans son arpen­tage, il sème un trouble et un désordre sans qu’il s’en inquiète vrai­ment. Le tout sans don­ner de leçon de morale mais de choses. Tout au moins, elle est édi­fiante d’un équi­libre en un cor­pus caho­tant et asymétrique.

L’abri de lieux pro­pices à l’abandon dans un envi­ron­ne­ment neutre crée la réa­li­sa­tion phy­sique de figures de lan­gage. L’auteur nous y ramène en un double mou­ve­ment de conta­mi­na­tion et d’ironisation de l’image en tant que figure de style et de repré­sen­ta­tion. Mais, ici, la méta­phore ne soigne rien, ne cau­té­rise en aucune façon la nature : elle la creuse car elle rend pal­pable, par la “matière”, la détresse de l’âme

jean-paul gavard-perret

Daniel Poz­ner, Dri­gailles, Propos2éditions, « pro­pos à demi », 2023, 128 p. — 15,00 €.

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Filed under En d'autres temps / En marge, Poésie

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