Jean-Pierre Otte, L’immunité merveilleuse : Aventure sans alibis

Lumières

Sortant de nos demeures et de notre monde dit blanc, Otte tente de décons­truire (si l’on prend un logos affecté) les élé­ments de la nature et de l’être. Tou­te­fois, c’est pour ensuite recom­po­ser par degrés la grande figure connue sous nom de l’âme même si Otte rap­pelle qu’elle fût mise au pillage.
Mais il est l’heure de la recréer dans une pos­tu­la­tion pas­ca­lienne. Comme son pré­dé­ces­seur, Otte sou­ligne notre misère affec­tive — chair com­prise. Nos enfan­tillage et reflexes fur­tifs ne per­mirent jusque là que de sen­tir la carte de notre iden­tité. Il faut donc un tran­sit « qui ne l’est pas moins dans ces limbes aux baies vitrées qui nous séparent du dehors. »

Tout dans ce livre devient l’apprentissage de la trans­pa­rence, et de ce garde au cœur en clai­rière à la croi­sée du corps. Il s’agit de récu­rer l’âme, s’expurger l’esprit afin que rien ne soit de même nature que nous-mêmes. Dès lors, le pois­son fou file sous le mer­veilleux qui se tisse en s’obligeant à l’impression de l’improvisation.
Certes, un petit vide s’avive dans l’esprit mais l’inspiration se mue en aspi­ra­tion. Des hérons passent en reflets gris-bleu au-dessus de l’étang. C’est le temps du libre déta­che­ment au pro­fit de l’oisiveté luxueuse et concertée.

L’aven­ture de la vie devient très inté­rieure. Nous sommes en quête d’une fian­cée qui se mire aussi à son incon­nue. Les jours roulent, s’enroulent et se confondent dans l’ombre amon­ce­lée au fond des mémoires. Mais plus ques­tion d’usurper qui nous pré­ten­dons nous affi­cher. Optons bien plus  “géra­nium, sang, fou­gère, four­rure, fouine et fétiche.” et des rebuts d’existence pour résoudre le rébus du vital.

La terre, dit-on, est la chair d’un dieu dis­paru. Mais Otte rap­pelle que ce n’est pas for­cé­ment la solu­tion. Alors, sou­dain,  quelque chose avance. Ne pre­nons plus notre âme comme une arrière-boutique. D’autres tra­vaux nous attendent. C’est en ce sens qu’un tel livre de nature et méta­phy­sique indique la marche à suivre.

jean-paul gavard-perret

Jean-Pierre Otte, L’immunité mer­veilleuse : Aven­ture sans ali­bis, Edi­tion Sans Escale, juin 2024, 90 p. — 15,00 €.

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Filed under Chapeau bas, Poésie

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