Danielle Arceneaux, Glory B. enquête : Frayeur en Louisiane

Une enquê­trice qui n’a pas froid aux yeux

Le choix de l’héroïne par l’auteure est judi­cieux car il porte sur une popu­la­tion qui n’a pas sou­vent les hon­neurs des pre­miers rangs. Glory est une femme noire qui se défi­nit elle-même comme vieille et grosse. Divor­cée, elle mène une exis­tence assez simple sauf le dimanche où elle par­ti­cipe à la séance du Red Hat society d’Acadiana, un club où se réunissent des femmes noires, catho­liques et pieuses, et où elle exerce son acti­vité… illégale.

C’est après la messe que Glory Brous­sard se rend au CC’s, son café habi­tuel. Mais, ce dimanche, elle est excé­dée car le gar­çon, un nou­veau, ne l’a pas encore ser­vie. Or, le dimanche est son jour de recettes et son tra­vail l’attend. Elle est book­ma­keuse à son compte.
C’est à ce moment que le lieu­te­nant Lan­dry, qui a bien connu sa mère, vient la saluer. Pen­dant la conver­sa­tion, il reçoit un appel rela­tif à une femme décé­dée. Quand Glory entend l’adresse, celle d’Amity Gay, sa meilleure amie, sa sœur, elle veut accom­pa­gner le poli­cier. Sur place, ils constatent que la reli­gieuse s’est pen­due avec sa cein­ture monas­tique. Del­phine, sa fille, avo­cate à New York est venue pour les obsèques. En reve­nant chez sa mère, celui-ci trouve une lettre éma­nant du tri­bu­nal de Lafayette. Une plainte a été dépo­sée en rai­son de l’état périlleux de sa maison.

Le len­de­main, Del­phine com­mence à remettre en ordre, vider, car Glory est une col­lec­tion­neuse com­pul­sive qui chine et garde tout. En bavar­dant, Glory fait part de ses doutes quant au sui­cide de son amie. Celle-ci était mobi­li­sée par de nom­breux pro­jets. Elle décide d’enquêter. Chez son amie, elle trouve du Fen­ta­nyl, une drogue dont elle recon­naît le logo sur l’emballage. Elle part sur cette piste……

Se pose l’interrogation sur la mort de cette femme qui, après une jeu­nesse déver­gon­dée avec Téquila, drogue, mau­vais gar­çons, mau­vais choix, a choisi d’entrer dans la congré­ga­tion des Sœurs de la Sainte Famille. Aidée par sa fille qui tra­verse une mau­vaise passe avec son époux et la famille de celle-ci qui n’a pas accepté que leur fils épouse une noire, elles vont s’investir, à la fois dans la res­tau­ra­tion de l’habitation et dans la recherche d’indices menant vers un cou­pable.
Bien sûr, Glory va devoir payer de sa per­sonne, faire front à des inti­mi­da­tions, se glis­ser dans des lieux peu faits pour elle, jusqu’à un dénoue­ment qui lui vaut bien des soucis.

Mais la roman­cière décrit le quo­ti­dien d’une telle femme et la condi­tion de ces femmes noires qui ne comptent pas. Ne fait-elle pas dire à son héroïne : «Lorsqu’une femme noire est atta­quée ou dis­pa­rait, les gens regardent ailleurs»? Danielle Arce­neaux dis­tille nombre de réflexions per­ti­nentes, des images très par­lantes, et glisse un bel humour tant dans les dia­logues que dans les situa­tions, dans les ava­tars subis par Glory.

Un pre­mier roman très agréable à décou­vrir tant pour l’intrigue pétillante que pour cette héroïne qui donne envie de la retrou­ver dans de nou­velles aventures.

serge per­raud

Danielle Arce­neaux, Glory B. enquête : Frayeur en Loui­siane (Glory Be), tra­duit de l’anglais (États-Unis) par Emma­nuelle Heur­te­bize, Robert Laf­font, coll. “La Bête Noire”, mai 2024, 288 p. — 14,90 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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