Salman Rusdhie, Le couteau. Réflexions suite à une tentative d’assassinat

Docteur ès-Lettres, Che­va­lier dans l’Ordre Natio­nal des Palmes Aca­dé­miques, Olivia-Jeanne Cohen a ensei­gné un cer­tain nombre d’années en uni­ver­sité et dans divers orga­nismes sur l’art et les arts scé­niques (pein­ture, théâtre, danse), en qua­lité de char­gée d’enseignement en Sor­bonne (dépar­te­ment de Lit­té­ra­ture et Civi­li­sa­tion Fran­çaises).
Roman­cière, essayiste, direc­trice de col­lec­tions (essais et lit­té­ra­ture éro­tique), elle est éga­le­ment auteure de plu­sieurs livres d’entretiens, de col­lec­tifs, d’articles sur l’esthétique (en matière d’art et arts du spec­tacle), a col­la­boré à divers pro­jets col­lec­tifs (théâtre, cinéma, danse) et réa­lisé plu­sieurs mono­gra­phies sur la danse et la pein­ture, ainsi que pour le cinéma.

 

L’écriture est l’écriture

« Lorsqu’un aspi­rant meur­trier plonge un cou­teau dans le cou de S. Rush­die […] il fra­casse notre sen­ti­ment de confort nous obli­geant à recon­naitre la fra­gi­lité de notre propre liberté » (phrase de Suzane Nos­sel  en son hom­mage que l’auteur cite ).
Livre psy­cha­na­ly­tique ou d’analyse de l’évènement, du trau­ma­tisme et des consé­quences, livre du renou­veau, c’est sur­tout l’écriture d’un che­min pour se sen­tir vivant, qui mobi­lise Sal­man Rusdhie.

La néces­sité de ce livre pour dire l’urgence de la vie au-delà des consi­dé­ra­tions thé­ra­peu­tiques, psy­cha­na­ly­tiques, auto­bio­gra­phiques qu’il puisse aussi repré­sen­ter. D’ailleurs, Rush­die l’exprime lui-même, l’écriture est l’écriture. Il n’aime pas qu’elle serve à autre chose. Il s’agit de la vie et de trai­ter cette ques­tion d’une ten­ta­tive d’assassinat, non pas en contour­nant l’événement mais en exer­çant sur le cours des évè­ne­ments et de ce qui a suivi, le seul souci qui vaille : vivre et aller de l’avant.

Comprendre et renon­cer à vivre dans l’objectif limité de l’assassin, dépas­ser l’exécrable et s’ouvrir à la vie, nou­velle, d’un « bon­heur blessé » et un renou­veau.
La néces­sité de ce livre est dire l’urgence de la vie et com­ment trai­ter cette ques­tion, celle de cette ten­ta­tive d’assassinat dans l’espace-temps situé pour regar­der de l’avant, et s’engager dans l’avenir.

L’évé­ne­ment est aussi l’effet de pré­sence, l’instantané à vivre et sa mémoire au sens où l’attaque au cou­teau, c’est le face à face et l’irréalisable aussi pour la vic­time : «  mon visage, la vie et la mort… une col­li­sion… extrê­me­ment intime qui m’a demandé d’y réflé­chir » (entre­tien du 17/04/2024). « Ce sur­réel se croise avec ce qui m’arrive véritablement ».

Enfin, la scis­sion et la prise de conscience referment le dia­logue ima­gi­naire que Sal­man Rush­die a avec son assas­sin : « Je ne vous par­donne pas. Je ne vous refuse pas mon par­don. Vous n’avez tout sim­ple­ment aucune impor­tance pour moi. Et doré­na­vant pour le res­tant de vos jours, vous n’aurez plus aucune impor­tance pour per­sonne d’autre. Je suis heu­reux de vivre ma vie et non la vôtre. Et ma vie va conti­nuer ». (p. 253)

lire un extrait

olivia-jeanne cohen

Sal­man Rusd­hie, Le cou­teau. Réflexions suite à une ten­ta­tive d’assassinat, Gal­li­mard, avril 2024, 272 p. — 23,00 €.

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