Le récit se situe quelques trois siècles après une guerre nucléaire mondiale, d’où l’appellation du passé : Avant la Lumière. Ce qui restait d’humains s’est rassemblé sur les terres de l’ancienne Europe. S’ils ont édifiés des mégalopoles, des scientifiques ont conçu une technologie autorisant le voyage dans le passé. Depuis qu’elle a été divulguée, ceux qui ont les moyens peuvent se construire leur propre machine. Des trafiquants de toutes natures s’en sont emparés.
Le voyage dans le temps, avec les conséquences possibles si le passé est modifié d’une manière ou d’une autre, est un des sujets de la science-fiction. Il faut se rappeler Le Voyageur imprudent de René Barjavel. Dans cet album, Johan Vandevelde met en place son histoire avec un couple qui traque les criminels voulant intervenir dans le passé et développe, parallèlement, un récit qui met en scène leur triplés. Ceux-ci vivent une existence solitaire, élevés par des robots, leurs parents étant absents.
Dans un appartement, dans une tour, un couple attend.
Un gamin rouspète, emporté par un robot jusqu’au bureau d’un principal devant lequel sont déjà installées ses deux sœurs. S’ils sont particulièrement intelligents, ils sont indisciplinés dans la même proportion. Lassé, le principal les renvoie en classe leur demandant, sans trop y croire, de se tenir tranquilles.
Le couple reçoit un signal et décide de commencer. Ils arrivent dans une rue où les attendent des soldats armés d’épées qui les traitent d’espions. L’homme remarque que ce sale rat de Logan n’a rien laissé au hasard. Ils sont dans Jérusalem en 1187 ou en 881-AVL (Avant la Lumière). Ils traquent un trafiquant qui veut vendre des armes automatiques aux croisés assiégés dans la ville par l’armée de Saladin.
Les trois enfants rentrent chez eux après avoir vainement attendus leurs parents à la sortie du collège. Mais, quand ils découvrent une arme cachées dans la boîte à fusibles de l’appartement…
Le traitement du sujet est attrayant, l’auteur insufflant suffisamment de péripéties dans son scénario. Les actions des personnages se suivent avec intérêt entre les deux époques, à Paris en 2323 et à Jérusalem durant le siège de la ville par Aladin en 1187.
Le graphisme, en noir et blanc est signé de Stephan Louwes. Il met en scène de façon dynamique les différents rebondissements et sa mise en page donne une belle lecture. Les protagonistes sont aisément identifiables et les décors offrent une belle idée de ce monde futuriste.
Un premier tome qui retient l’attention pour le traitement de ce sujet de science-fiction et pour son graphisme efficace.
serge perraud
Johan Vandevelde (texte) & Stephan Louwes (dessin), traduit et adapté du néerlandais par Philippe Nihoul, Moon — t.01 : Une balle pour un Croisé, Éditions Anspach, avril 2024, 72 p. — 17,50 €.