Gaétan Nocq, Octopolis

Dans les profondeurs…

Si, dans Les Grands cerfs, son pré­cé­dent album (Daniel Maghen — 2021), Nocq avait exploré la forêt vos­gienne, sa faune, sa flore, pour le pré­sent volume c’est au fond des océans que se situe le cœur de l’intrigue autour d’une cité d’octopodes.

C’est le 20 mars que Mara apprend la dis­pa­ri­tion de son père, un chercheur-paléontologue. Elle retrouve la gar­dienne de l’immeuble où il habite. Celle-ci l’a aler­tée car Serge Fau­con­nier aurait dû être ren­tré depuis un mois. La gar­dienne s’occupe aussi de Vik­tor, un ara bleu qui vit dans l’appartement. Mara tente de mobi­li­ser la police, mais l’agent ne la prend pas au sérieux quand elle lui dit ne pas avoir vu son père depuis… sept ans.
Res­tée seule, Mona cherche des infor­ma­tions, des pistes, ouvre son ordi­na­teur, sa mes­sa­ge­rie. Un cour­riel émane de Laure Caplan du Muséum d’Histoire natu­relle qui lui demande de la rap­pe­ler dès son retour. Mona trouve un dos­sier inti­tulé Octo­po­lis, pro­tégé par un mot de passe. La ren­contre avec Laure donne quelques résul­tats qui l’amènent à fré­quen­ter une gale­rie d’art océa­nien. C’est là qu’elle va croi­ser Tho­mas Flore, un mys­té­rieux moni­teur de plon­gée qui va l’initier avant de conti­nuer, sur un atoll coral­lien dans le Nord du Paci­fique, une quête difficile…

Pour construire cette his­toire, l’auteur mène une série de repor­tages, s’immerge dans le cadre qu’il veut explo­rer. Il cherche à ren­con­trer ceux qui pour­ront le mieux lui four­nir les élé­ments scien­ti­fiques dont il a besoin. Comme son lec­teur après lui, il découvre un uni­vers qu’il mémo­rise dans des séries de cro­quis en cou­leurs sur de grands car­nets. Il pro­pose d’ailleurs quelques exemples en fin de volume.
Vou­lant explo­rer le monde des Cépha­lo­podes (pieuvres, cal­mars, seiches…), il déve­loppe un récit pas­sion­nant incluant le com­por­te­ment et l’intelligence des poulpes. Il for­mule, avec un souci didac­tique, les évo­lu­tions du vivant, les pro­gres­sions, la nature des muta­tions. Mais il met en lumière la dra­ma­tique dis­pa­ri­tion d’espèces marines avec le sac­cage des grands fonds, la néces­sité d’une indis­pen­sable pro­tec­tion dras­tique des espaces à défendre, de la faune marine et des coraux.
Dans son récit, sorte de thril­ler éco­lo­giste, il met en avant les pro­di­gieuses capa­ci­tés de ces ani­maux des grands fonds, l’intelligence qu’ils ont su déve­lop­per pour survivre.

En fin d’album, dans un dos­sier, il rend hom­mage à ceux qui l’ont aidé comme Laure Bonnaud-Ponticelli, Isa­belle Rou­get du Muséum d’Histoire natu­relle de Paris. Ainsi que Ruddy Jean un for­ma­teur en plon­gée sous-marine. Il dresse éga­le­ment dans ce dos­sier une liste exhaus­tive des tous les ani­maux, marins et ter­restres, qu’il a des­si­nés et intro­duits dans son récit.
Il assure un gra­phisme en cou­leurs directes, une domi­nante de bleus ajou­tant selon la scène, des touches éclai­rantes. Pour nombre de séquences il part d’une vue assez large et stoppe sa suite de vignettes, par­fois sur plu­sieurs planches, sur un gros plan.

Avec Octo­po­lis, on découvre un album au sujet remar­quable, une explo­ra­tion appro­fon­die de celui-ci et un tra­vail gra­phique inaccoutumé.

lire un extrait

serge per­raud

Gaé­tan Nocq, Octo­po­lis, Édi­tions Daniel Maghen, mai 2024, 280 p. — 30,00 €.

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Filed under Bande dessinée, Chapeau bas

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