Christopher, All I need is love — Tome 1 : “Une hirondelle ne fait pas le printemps”

Isabelle a une fille, des copines, un ex-mari, un frère, une mère, des sou­pi­rants, un nou­veau job et beau­coup de sou­cis… Dur, dur d’être une trentenaire !


A
vec All I need is love, Chris­to­pher signe une chro­nique à la Mon­sieur Jean et parle du quo­ti­dien des jeunes adultes d’aujourd’hui. Isa­belle est pré­sen­ta­trice télé ; son nou­veau bou­lot, c’est Miss Météo. On ne peut pas pré­ci­sé­ment appe­ler ça être au zénith, mais il faut bien faire vivre la petite, payer le loyer et s’occuper de sa mère. Côté amour, le temps n’est pas au beau fixe, son uni­ver­si­taire d’ex-mari sort avec ses étu­diantes et oublie de payer la pen­sion, quant aux autres, c’est à croire qu’elle est invi­sible pour les hommes, à moins que notre héroïne elle-même ne soit un peu aveugle. Reste la famille, mais ça, n’en par­lons pas ! Depuis la mort du père d’Isabelle sa mère est deve­nue un vrai far­deau. Et le grand frère ? Il assume, enfin il essaie… Bref, du haut de ses trente-quarante prin­temps (le mys­tère plane encore…), Isa­belle n’a pas la vie facile. Heu­reu­se­ment que les copines sont là pour lui remon­ter le moral.

 

Pas de grandes his­toires dans cet album de Chris­to­pher, rien que des petites choses de tous les jours. C’est d’ailleurs par l’éphéméride qu’il traite son sujet. Une date, une fête à sou­hai­ter et l’état du ciel intro­duisent cha­cune des vingt et une say­nètes qui nous racontent le prin­temps d’Isabelle.

Cette dimen­sion réa­liste et quo­ti­dienne apporte beau­coup de ten­dresse à l’album ; l’on regret­tera tou­te­fois que cer­taines situa­tions soient moins bien exploi­tées que d’autres. La scène d’ouverture, par exemple, qui certes place les per­son­nages, paraît un peu longue, peut-être trop riche en infor­ma­tions… D’autres manquent de rythme ou d’originalité. Par moments, on s’interroge aussi sur les âges que Chris­to­pher veut don­ner à ses per­son­nages. Bien sûr celui de l’héroïne reste secret et dif­fi­cile à déter­mi­ner - cer­tains hésitent, 33, 35, 37 ??? Mais dans tous les cas, elle en paraît gra­phi­que­ment presque dix de moins. Et Lucile, sa fille, dix, douze ? Eh bien non, nous appren­drons qu’elle n’en a que cinq !

Bref, Chris­to­pher tra­vaille vite (trois mois seule­ment pour la réa­li­sa­tion de cet album nous disait-il), et par­fois on a l’impression que ça se voit. Pour­tant ce brouillage des âges est déli­béré. En effet, quand Chris­to­pher “regarde les femmes autour de [lui], [il] n’arrive pas à leur don­ner un âge.” (cf. l’interview de Christopher)

Pour son pre­mier album chez Panini, l’auteur des Filles (chez Cara­bas) nous fait quand même pas­ser un bon moment, et sou­rire à ces situa­tions cocasses ou émou­vantes que nous avons tous vécues. N’évoquons que deux scènes : la clas­sique dis­cus­sion sur les “bons” moyens de drague, qui est inter­rom­pue par la déser­tion des élé­ments mas­cu­lins de l’assemblée lors du pas­sage d’une Bar­bie sur talons aiguille ; ou le sou­rire amusé et com­plice du grand frère quand Isa­belle donne inci­dem­ment son numéro de télé­phone à son médecin.

De tout façon, avec un titre pareil, cet album ne pou­vait pas nous don­ner le cafard !

Mar­tin Zeller

   
 

Chris­to­pher (des­sin et scé­na­rio) / Delph (cou­leurs), All I need is love — Tome 1 : “Une hiron­delle ne fait pas le prin­temps”, Panini, 2004, 48 p. cou­leur — 12,60 €.

 
     

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