Née à Udine en 1896 et décédée à Mexico en 1942, Tina Modotti fut imprégnée par des événements historiques importants de la première moitié du XXe siècle : émigration des Européens vers l’Amérique, naissance du cinéma muet aux États-Unis, mouvements agraires post-révolutionnaires au Mexique, communisme en URSS, etc.
Elle a apporté une contribution majeure à la photographie et a développé une vision très personnelle. Intégrée aux artistes muralistes du Mexique, elle a façonné ce qui se nomme la “photographie incarnée”.
Militante du Parti communiste mexicain dès 1927, elle a été expulsée du pays en conséquence. Elle a vécu ailleurs, en Union soviétique puis à participé à la guerre d’Espagne en raison de son militantisme. À la suite de la défaite des républicains, traversant les Pyrénées avec de milliers d’exilés, épuisée et désillusionnée, elle a dû quitter l’Europe.
Existe quelque chose d’irréductible dans sa manière d’envisager le portrait. Elle a inventé et progressé dans un formalisme lyrique. Elle a figuré un ordre de ce qui fut ou de ce qui est mais de ce qui reste encore en devenir dans les syntaxiques photographiques. Tina Modotti est devenue une poète de l’espace et du corps féminin afin de montrer ce qui souvent était caché ou perçu come impensable.
Elle a donc inventé une vision impitoyable en espérant que l’histoire fasse de grands pas en avant – sinon au bord de bien des gouffres. C’est aussi vieux que le monde. Et neuf tout autant.
jean-paul gavard-perret
Tina Modotti, L’oeil de la révolution, Musée du Jeu de Paume, du 13 février au 12 mai 2024.