Philippe Comar puise dans ses études littéraires et plasticiennes son roman-œuvre hybride et protéiforme. Dans une écriture visuelle, le lecteur peut, les yeux mi-clos, concevoir une suite de tableaux vivaces et entendre la saveur d’un langage qui interroge les dynamiques sociétales redevenues premières mais qui restent au centre des enjeux contemporains.
Existe là une narration d’un récit métisse et original où tout se reconstruit à l’abri d’une bibliothèque en loques. Le tout pour redéfinir une identité par prises et rehaussements des métamorphoses de l’intime, là où les corps d’une certaine manière renaissent.
La langue de Comar est superbe. Jusque dans sa chair il s’agit de passer outre par sa propre image au-delà de ce qui est. Reste une fable ironique encadrée par des motifs et des effets inattendus. Surgissent des apparitions jouissives sur des peaux neuves et en une langue à réinventer leur complexion.
L’anatomie humaine présente des procédés d’intervention dans cette narration des métamorphose en une oeuvre polysémique. Il s’agit de reprendre une ambition initiale au sein du naturel sauvage. D’où bien des contrastes tranchés entre l’avant et l’après en ce qui devient un bel aujourd’hui.
La fiction joue entre une sorte de brutalité escomptée et le témoignage fictionnel d’un combat redevenu premier. L’humour est fait parfois pour gratter là où ça démange. Mais face à celles et ceux qui sont les protagonistes, la vie est fragile. Des mots jaillissent et illuminent chez leur narrateur abasourdi et sonné.,
jean-paul gavard-perret
Philippe Comar, Langue d’or, Gallimard, 2024, 252 p. — 21,00 €.