Cavalières (Isabelle Lafon)

© Laurent Schneegans 

 Inter­lo­cu­trices de l’interstice

Un che­min de lumière appa­raît sur scène ; quelques femmes y cherchent leur ins­crip­tion, finissent par prendre une posi­tion et s’épandre. Avec un dis­cours vif, expres­sif, cha­cune des pro­ta­go­nistes tend à racon­ter son rôle dans cette his­toire.
Elles énoncent leur coha­bi­ta­tion impro­bable autour de condi­tions consti­tu­tives : quelque lien au che­val, aide à une han­di­ca­pée, absence d’investissement per­son­nel du lieu d’habitation. Les pro­pos sont fré­quem­ment entre­cou­pés de remarques sur ce qui vient d’être pro­féré, par elle ou par une autre. On ne sait jamais exac­te­ment ce qui est en ques­tion : un fait, un mot, la recherche de sa propre parole. Il s’agit tou­te­fois tou­jours d’interroger la ver­ba­li­sa­tion, comme pour la mettre en danger.

On assiste donc à l’improbable ren­contre entre des inter­lo­cu­trices de l’interstice. Il s’agit de sol­li­ci­ter la réflexi­vité, de creu­ser chaque dis­cours de ses propres failles, pour y trou­ver, comme par effrac­tion, une forme de plein, voire de plé­ni­tude. Les décla­ra­tions s’entremêlent, s’échangent, cir­culent sans s’entrechoquer. Elles se conjuguent selon des tables impli­cites et erra­tiques.
Isa­belle Lafon construit son spec­tacle comme la trace d’une expé­rience, comme l’interface de dia­logues éman­ci­pa­teurs. Les décla­ra­tions sont tou­jours fra­giles, ténues, sus­pen­dues à leur propre énon­cia­tion. Pro­po­sant une repré­sen­ta­tion un peu sta­tique et mono­li­thique, l’expression s’insinue entre les énon­cés, sem­blant pro­po­ser comme une gram­maire éphé­mère du dire.

chris­tophe giolito 

 

Cava­lières

concep­tion et mise en scène Isa­belle Lafon

Écri­ture et jeu Sarah Bran­nens, Karyll Elgri­chi, Johanna Kor­thals Altes, Isa­belle Lafon

Lumières Laurent Schnee­gans ; cos­tumes Isa­belle Flosi ; assis­ta­nat à la mise en scène Jéza­bel d’Alexis ; admi­nis­tra­tion Daniel Sché­mann avec la col­la­bo­ra­tion de Vas­sili Schémann

A La Col­line Théâtre natio­nal, 15 rue Malte-Brun, 75020 Paris.

Du 5 au 31 mars 2024 au Grand Théâtre, du mer­credi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30 ; relâche dimanche 10 mars • durée 1h30.

Billet­te­rie 01 44 62 52 52 billetterie.colline.fr

Cava­lières est la pre­mière créa­tion d’Isabelle Lafon des­ti­née au Grand théâtre de La Col­line, après avoir pré­senté au Petit théâtre la tri­lo­gie des Insou­mises (Deux ampoules sur cinq, Let me try et L’Opoponax) en 2016, Vues Lumière en 2019, Les Impru­dents en 2022 et Je pars sans moi en 2023.

Pro­duc­tion Les Mer­veilleuses copro­duc­tion La Col­line – théâtre national.

La com­pa­gnie Les  Mer­veilleuses est conven­tion­née par la DRAC Ile-de-France.

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