Lire Derrida ? Autour de Eperons. Les styles de Nietzsche

Lire Der­rida ? Autour de Epe­rons. Les styles de Nietzsche

Jour­née d’étude orga­ni­sée à l’Université Paris IV,      

(École Doc­to­rale 5, Équipe d’Accueil STIH) le 8 février 2014, Salle des Actes

par Domi­nique Main­gue­neau (Paris IV) et Mathilde Val­les­pir (Paris IV)

Com­ment lire Der­rida lorsqu’on n’est pas der­ri­dien ? Non seule­ment de quel droit, mais de quel point de vue le faire ? Sa phi­lo­so­phie exclut en effet par avance toute prise qui serait sur­plom­bante. Mais l’impertinence exi­ge­rait tout autant le ren­ver­se­ment de la ques­tion : com­ment lire Der­rida quand on est der­ri­dien ? On ne peut qu’écrire avec lui, en lui, écrire comme lui. N’a-t-il pas en effet dis­qua­li­fié la dif­fé­rence même entre écri­ture et com­men­taire ? Les écri­tures para­si­taires disent plu­tôt l’inimitable du maître. Com­ment dès lors l’analyser sans se lais­ser conta­mi­ner par les effets décons­truc­tifs induits par son écri­ture, ni le tra­hir par une dis­tance telle qu’elle ferait perdre la spé­ci­fi­cité de son style philosophique ?

Les par­ti­ci­pants à cette jour­née d’étude se pro­posent de rele­ver ce défi, convain­cus que si l’on aborde le geste phi­lo­so­phique de Der­rida par le biais d’une écri­ture his­to­ri­que­ment située, on peut faire droit à son ori­gi­na­lité sans tom­ber dans le mythe de l’indéchiffrabilité. Der­rida est un phi­lo­sophe et doit être traité comme tel, même s’il s’est ins­tallé dans la double pos­ture du maître phi­lo­sophe et de l’iconoclaste qui a voulu conti­nuer le tra­vail nietz­schéen de des­truc­tion des idoles.

La lec­ture d’Epe­rons. Les styles de Nietzsche semble à cet égard par­ti­cu­liè­re­ment per­ti­nente puisqu’elle pose direc­te­ment la ques­tion du style. Avec cette sub­ti­lité toute der­ri­dienne que cette ques­tion est liée à celle du fémi­nin : « le titre retenu pour cette séance aura été la ques­tion du style. Mais — la femme sera mon sujet. Il res­te­rait à se deman­der si cela revient au même — ou à l’autre. ». Ce qui l’amène à s’interroger non seule­ment sur la dif­fé­rence sexuelle, mais sur l’herméneutique et l’ontologie (en se démar­quant des thèses de Hei­deg­ger sur la dona­tion), au point qu’il pourra conclure iro­ni­que­ment : « la femme n’aura pas été mon sujet ». Reste que ce texte a joué un rôle dans le déve­lop­pe­ment des études féministes…

Les com­mu­ni­ca­tions pré­sen­tées mobi­li­se­ront les res­sources de la sty­lis­tique, de la sémio­tique, de l’analyse du dis­cours ou de la socio­lo­gie des intel­lec­tuels, pour mettre au jour cer­taines carac­té­ris­tiques d’une parole de phi­lo­sophe qui, tout en mimant la pra­tique tra­di­tion­nelle du com­men­taire, entend pro­duire un nou­veau mode d’énonciation philosophique.

9h30-12h30

Fré­dé­ric Cossutta

Epe­rons de Der­rida, un texte indéchiffrable ?

 

Jean-François Bor­dron

Der­rida et l’expérience de l’image

 

Mathilde Val­les­pir

La méta­phore dans Epe­rons de Der­rida : figure et dé-figuration

 

Bruno Clé­ment

S’accommoder des images. Der­rida lec­teur d’Augustin, de Nietzsche et de quelques autres

 

14h30-17h

Domi­nique Maingueneau

Par-delà l’homme et la femme : l’énonciation

 

Johannes Anger­mul­ler

La phi­lo­so­phie comme pra­tique dis­cur­sive. Construire sa place dans le monde philosophique

 

Alain Lhomme

Gram­maire de l’indécidable

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