Ce roman est la quête d’une femme avide de liberté et d’amour. Les paysages du Sud sont envoûtants. Ils envahissent les sens. L’imméditeté du métier de vivre est puissant de sensualité. Existe la lutte de la fantasmagorie intime contre la grande fabrique du désir imposé.
Les deux deviennent — sous forme de devenir – ce récit de voyage intérieur — mais pas que. S’y développent des contre-allées de la narration au sein de la traversée de diverses frontières qui finissent par mettre en suspens l’exil intérieur. Si bien que le texte devient une forme de nécessité pour notre époque comme pour la pratique de la fiction et la position de l’auteure dans la société qu’elle dépasse ici sous forme de sauvagerie nécessaire sous le marteau-pilon de la civilisation.
En dépit de l’angoisse, du doute qui traverse l’héroïne, son ivresse demeure dans la filière de l’insécurité sans toutefois chercher à rassurer ses lectrices et lecteurs. Le roman ne perd jamais la force du désir et d’une certaine façon il n’est question que de lui au moment où l’écriture pousse en champignon vénéneux mais à consommer au-delà du simple pour son plaisir qui tue mais fascine.
Rien ici d’une littérature ascétique mais tout le contraire. Dans l ‘imaginaire et le réel existent une certaine spiritualité mais surtout un sentiment tellurique. La puissance reçue des sens et de leurs voluptés est toujours incroyable à qui ne saurait voir qu’une ligne d’horizon légèrement bleuâtre. L’auteure trace un chemin, un réseau, un mycélium. Elle fait sentir comment l’énergie circule et comment les choses peuvent se transformer dans une renaissance.
jean-paul gavard-perret
Olivia-Jane Cohen, L’immédiat, Douro Editions Paris, février 2024 132 p. — 19,00 €.