Dans ce livre remarquable, la conscience de soi ici se révèle dans des dynamiques d’écart et de distance. Du temps, de la parole, de l’espace, les seuils infranchissables sont révélés. L’équilibre vacillant d’une dissolution de l’être expulsé, égaré, excentré est analysé : “Otage, je suis l’insituable, entre l’immobilité d’un état et l’impossible stabilisation du sens et d’une appartenance à soi. Je suis l’écartèlement, l’incertitude entre l’ici et le là-bas”, écrit-elle.
Solitude et multitude restent au centre et l’image de soi qui devient l’objet d’une pression tyrannique, irrationnelle et pervertie. L’auteure cherche à prendre conscience de sa fragilité et de la solitude de l’être jeté dans le monde, au sens du Dasein. Elle rappelle que l’on a massacré collectivement et intervenu au cœur des liens les plus originels pour les désintégrer.
Olivia-Jeanne Cohen crée un livre melting-pot axé sur le quotidien, le concept de « présence qui traverse le livre. De fait, l’auteure donne du poids à l’espoir, même si demeure forcément le côté de l’amertume générée par l’Histoire et le présent.
Reste là une force majeure au moment où l’écriture pousse sur le champ de la réflexion vers l’essentiel.
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jean-paul gavard-perret
Olivia-Jeanne Cohen, L’image de soi, Préface de Jacques Cauda, Editions Douro, coll. Essais, Paris, 2024 — 17,00 €.