En 3001 les femmes, exaspérées par l’attitude immature des hommes, ont pris le pouvoir et les ont déchus de leur souveraineté. Ceux-ci, humiliés, se sont retirés des affaires publiques : « …se consacrant désormais à leurs vraies passions : jeux vidéo, football, philatélie, alcoolisme et homosexualité… » Sous la férule des femmes, la Terre rebaptisée Gaïa, connaît une ère de paix, de sérénité, où règne l’harmonie universelle.
New Pondichery est la première colonie établie hors du système solaire par les dirigeantes. C’est de là que sont parties Louis Doisy et Marcel Darcel pour une mission d’études sur les lépidoptères. Mais le véritable but est de retrouver l’endroit où un Triangle (Un vaisseau alien), s’est écrasé pour prélever des échantillons du métal qui rend ces avions invulnérables aux tirs. À New Pondichery, la situation des colons encerclés devient critique. L’ambassadrice est contrainte d’ordonner l’évacuation générale. Louis et Marcel retrouvent l’épave, prélèvent des fragments. Puis, elles doivent tenter le tout pour le tout afin de rejoindre à temps la colonie, confrontées à une faune et une flore agressives qui appliquent la loi de la jungle : manger et ne pas être mangé. Louis, dans son sommeil, est visitée, de plus en plus souvent, en songe, par le dieu Zarfar-Kass, dont les motivations restent, pour l’instant, mystérieuses.
Le récit de ce second tome, comme le premier, fait la part belle à l’aventure exotique. Yann redéveloppe une multitude d’espèces et de races aux comportements qui paraissent étranges à l’héroïne, une jeune femme qui n’était, avant cette mission, jamais sortie de ses laboratoires. Le scénariste s’en donne à cœur-joie et propose les péripéties les plus débridées. Il invente un langage zarkassien qui se devine assez facilement avec une lecture phonétique. Prenant l’option de l’humour, il multiplie les jeux de mots, les emprunts, la récupération d’expressions pour le plus grand plaisir du lecteur. Il glisse, cependant, des remarques acides sur notre propre comportement, sur les travers d’une société qui n’en manque pas. Même si Yann s’autorise nombre de variations par rapport à l’œuvre initiale, il signe une histoire pleine de verve et de puissance.
Le graphisme de Didier Cassegrain fait toujours merveille pour la mise en images de ce scénario extravagant. Il offre des décors avec une nature exubérante, des spécimens d’une faune et d’une flore pour le moins étranges et exotiques. Il n’hésite pas à agrandir la taille des vignettes, faire des pleines pages d’une grande beauté.
Un album plaisant à lire pour l’action, l’humour qui s’en dégage et pour son remarquable graphisme.
serge perraud
Yann (scénario d’après le roman de Stefan Wul) & Didier Cassegrain (Dessin et couleur), Piège sur Zarkass, tome 2 : “New Pondichery mon amour”, Ankama, coll. “Les Univers de Stefan Wul”, novembre 2013, 48 p. – 13,90 €.