Dans un univers anthropomorphique, un royaume est gouverné par les lions. La Reine pousse son second fils à monter sur le trône en tuant le roi, son père. C’est la tradition assure-t-elle. Mais le cadet a toujours été jugé faible, inoffensif. Cependant, elle n’est pas la seule à comploter.
Alors que s’ouvre le second tome, le nouveau roi, ce cadet, doit faire face à une tentative d’assassinat fomentée par le Tigre des marais, l’ennemi de toujours. Contrairement à ce que ses proches pouvaient penser, il s’en sort très bien, seul contre quatre assaillants. Il demande qu’on laisse le cadavre d’un candidat régicide en exposition sur l’escalier où il est tombé, jeté par le roi.
Pendant ce temps, un renard et un ours, profitant d’une diversion bien organisée, s’introduisent dans les cachots et font évader le fils aîné, emprisonné depuis quinze ans — il a échoué à tuer le père — et la Folle, une louve responsable du décès du précédent roi.
Ce jeune prince, sous des attitudes lascives cache une volonté de fer et veut s’employer à préserver la paix avec ses voisins. Mais, peut-il lutter contre ces forces qui cherchent le combat, qui ne se complaisent que dans l’affrontement ?
Le propos se veut shakespearien, mettant en scène intrigues, complots, coalitions, trahisons, tromperies, perfidies, révoltes — enfin, le quotidien d’une cour royale même si, aujourd’hui, les assassinats ne sont plus sanglants. Quoi que ! L’illustration de couverture évoque magnifiquement la source d’inspiration et l’esprit du scénario.
En multipliant les races, l’auteur peut faire jouer les stéréotypes attachés à chacune d’elles et diversifier les approches pour faire rebondir les actions, varier les péripéties. Et celles-ci ne manquent pas. Si le scénariste donne quelques clés quant aux intrigues diverses et variées, il ne livre pas l’essentiel, installant de nouvelles interrogations quant au rôle de principaux protagonistes. Si la tension est de mise, de nombreuses touches d’humour égayent le récit. Ses dialogues sont pertinents et la touche théâtrale qu’il apporte à sa narration renforce sa tonicité.
Si Herik Hanna assure un dessin élégant, varié et spectaculaire, mettant en œuvre un nombre élevé de personnages de races différentes, il met en images, avec efficacité, les diverses actions du scénario, réalisant quelques pleines pages du plus bel effet.
Lou pose des ambiances chaudes, des couleurs éclatantes, faisant surgir le dynamisme des péripéties.
Cette série qui combine la tragédie, la fable animalière, la parabole politique se lit avec un grand intérêt. Et sa mise en images retient l’attention.
serge perraud
Herik Hanna (scénario), Redec (dessin) & Lou (couleur), Le royaume sans nom — Acte II, Glénat, coll. “24x32”, mars 2024, 64 p. — 15,50 €.