Pour Jacquie Barral, ce livre a pour but de parler du dessin, tente de retranscrire une expérience personnelle à son sujet et de la façon dont il advient pour finir par se poser dans l’espace du livre, selon des échanges qui s’inventent à chaque fois. Mais cette approche se veut un hommage aux auteurs et aux éditeurs, amateurs de bel ouvrage, qui auront tenté l’aventure d’un autre livre libre et passionnant.
La créatrice rappelle qu’à l’origine ce qu’on nomme “La belle page” porte ce nom qui signale sa préséance. Longtemps, elle fut celle du texte dans les ouvrages illustrés. Que le dessin se pose en belle page fut “une révolution, un territoire repris par l’artiste qui était le maître du jeu au tout début des livres enluminés.” Dans de nombreux livres d’artistes, elle est presque devenue la maîtresse de nouvelles règles.
Par le texte, “une main dessine, une autre écrit”, James Sacré apporte son contrepoint, une réflexion de poète qui, lui aussi, aura participé à ce type d’aventure d’écrire en écho. L’artiste et écrivaine offre des exemples de divers auteurs (Butor, René Pons, Michel Dunand, Cosculluela, etc.) qui accompagnent ainsi ce qu’elle a su apporter et approfondir selon un imaginaire et des structures pour bien plus qu’une simple approximation mais un supplément d’âme et d’art.
Jacquie Barral sait au besoin revenir sur le texte avec décalages, reprises et nouveaux points (d’appui ou non). Le travail plastique donne au texte de nouveaux actes forts selon diverses stratégies qui transforment l’écriture en types de matière graphique.
Le dessin ou la peinture ici ne sont pas de simples palimpsestes. Ils enrichissent l’écrit en une sorte, dit-elle, “d’épaisseur du temps, une mémoire.”
jean-paul gavard-perret
Jacquie Barral, Le dessin en belle page, éditions Artfolage, 17290 Thairé, 2024, 74 p. — 25,00 €.