Un tueur en série, une détective résolue, un individu aux multiples facettes, un policier sur le retour offrent à Daniel Cole les composantes principales pour un thriller déjanté mêlant polar et comédie. Ce qui est impressionnant dans ce roman, c’est la virtuosité des actions, les innombrables rebondissements, les équipées de cette détective, un personnage hors du commun avec toute la pugnacité d’un superhéros, mais la fragilité humaine.
Le récit est vibrionnant, le romancier, avec des chapitres courts, passe d’un personnage, d’une scène à l’autre avec une belle aisance.
Matt est modérateur sur un réseau social. Soudain, deux photos l’horrifient. Son responsable attend, cependant, deux millions et demi de vues avant d’ordonner l’effacement.
À Londres, la détective Scarlett Delaney rejoint le sergent Frank Ash dans un luxueux appartement où s’est déroulée une scène d’horreur. Une jeune femme, Francesca Labelle, une célébrité des réseaux sociaux, a été étranglée puis décapitée. Cinq griffures profondes sur le visage signent le crime. C’est la troisième victime du tueur surnommé Jackdaw par la presse. Francesca est la fille du milliardaire Edgar Crews avec qui elle a rompu depuis dix-huit mois tout en continuant à bénéficier de ses largesses.
Dans un club de luxe, Henry retrouve un Russe pour un marché relatif à trente-huit filles qui sont sur un cargo.
Scarlett, dénommée Delaney la Dingo, poursuit l’enquête avec son mentor. Elle retourne sur les lieux pour reconstituer le cadre des photos diffusées sur le Net. Sur place, elle trouve un individu superbement vêtu, se présentant comme détective privé embauché par Crews et se prénommant Henry. Doutant de la réalité de ses assertions, elle débute une suite d’actions folles, multipliant les prises de risque, se mettant en danger, elle et ses partenaires. Mais, elle doit lutter sur plusieurs fronts…
L’auteur imagine de fort jolis problèmes proches de la prestidigitation pour expliciter l’impossible, l’impensable, comme la disparation d’un corps sans tête dans un appartement où de nombreuses personnes font la fête, dans un théâtre… Il bouscule énormément ses personnages, ne les ménageant pas quant aux coups, blessures, voire tortures.
Écrit pendant le confinement, le romancier voulait faire de ce texte un joyeux moment d’évasion irrévérencieuse. Et c’est une réussite car, avec une tonalité truculente, Daniel Cole met en scène une intrigue forte, dense, une tension soutenue par un rythme trépidant et un second degré délicieux. Le dénouement laisse penser qu’une nouvelle enquête de Scarlett est possible. Un moment d’intense lecture !
serge perraud
Daniel Cole, Jackdaw (Jackdaw), traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Magali Duez, Robert Laffont, coll. “La Bête Noire”, mars 2024, 360 p. — 20,00 €.