En vers et prose, Fourcade écrit dans l’urgence, l’apocalypse du temps au sein d’une déploration intime, amoureuse, et collective. Plus précisément sur les événements tragiques de la guerre Israël – Gaza. « c’est le déluge qui se produit en Palestine-Israël et qui engloutit l’Occident. une douche de sang réciproque qu’il est de mon destin de vivre en écrivain », écrit-il et il élargit cette guerre : « l’Occident, meurtre sur meurtre, s’effondre sur lui-même sous les coups qu’il se porte en propre. il est terrible d’être ensemble à ce point parce que nous devenons sans nom, le néant », ajoute-t-il.
Surgit encore et de manière surprenante un “désamour crépusculaire”, tout en passant par les plus folles excitantes pensées et visions (comme le chantier de Notre-Dame la nuit éclairée par les néons, pour son lyrisme laïc).
Le livre devient des lieux de lieux où chercher auprès d’artistes, références, images, obsessions et voire l’impossible responsabilité de chacun devant le désastre du monde. Le tout est de tenir et surtout ne pas s’enfermer. Existe là l’intelligence de la curiosité et du mouvement mais surtout une suite de flashbacks dont Fourcade a le secret.
Le tout au sein d’une enquête filée à la recherche d’un passé empiétant, et par une manière juste et acérée, pour écrire le réel tel qu’il l’accepte désormais. Preuve que le quotidien recèle des micro-miracles en pagaille pour peu qu’on veuille les voir jusqu’à devenir fleuve.
Mais par moment, il suffit parfois de claquer une porte en dépit de l’élan. Ce mot restera la leçon de ce livre en partie réussi mais non achevé.
jean-paul gavard-perret
Dominique Fourcade, ça va bien dans la pluie glacée ?, P.O.L Editions, février 2024, 80 p. — 17,00 €.