Titus-Carmel offre des notations brèves pour saisir le quotidien en 192 courts poèmes, de trois vers fins, disant leur distance avec les haïkus japonais. Ils fracturent ce qui est. Pour preuve : “Que le monde est vaste ! / vois comme mon corps s’y perd / et m’exile en moi !”. La vie est en alerte et il s’agit toutefois de la rêver voire de la franchir.
Cela — estrimeront certains — permet de n’aller nulle part dans le cercle vicieux de cette fameuse circonférence ou le centre est partout et le bord nulle part. C’est précisément cette sensation d’évidence qui donne envie au “discours” de se poursuivre en sa course poétique et scandée.
L’auteur transforme ses textes en bulles d’oxygène qui lui permettent de nager des heures entières. C’est là la posture propice à ce qu’il nomma jadis « L’élancement » en des successions d’exaltations et de fureurs, de rêves déraisonnables et vertiges pour la seule fin de se recomposer un corps.
jean-paul gavard-perret
Gérard Titus-Carmel, Zelliges, Illustrations de l’auteur, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2024, 72 p. — 16,00 € .