Une fois de plus Richard Meier met le paquet. Laissant la chair insolente de ses lignes et dessins sur le blanc de lait (porello), il incite à la plus insolente des leçons d’inconduite verbale.
En un tel dessein, l’auteur — comme les femmes (rares) mais heureuses de leur sexuelle alitée — montre, en un tel destin, non ce que valent les mots ni à quoi ils servent mais leurs contraires. Les larguant, il en monte une officine en refusant d’être un narcisse mâcheur : il en devient l’ascète rieur.
Avec un air de tendre indifférence, il divise son dépliage en deux parties. Suivant tout un jeu de lignes (unique à gauche, double à droite), de “labiales lallations” se distillent : celles de la “matérielle illusion” pour ceux qui se transforment en maux de la tribu. Bref, la gazette est finie en cette mazette là où — sans vraiment les effacer — l’habile farceur offre un caveaubulaire.
Plein de vertus, Meier se drape de bassesses en mélangeant le haut au bas. Il élude la sainteté pour la souillure. Nous pouvons appeler ça un crime. Tout est fait pour une braderie conséquente et roborative. Au pire, les mots seront disponibles pour la Croix Rouge afin d’être portés par d’autres.
Mais rien n’est recyclé. Meier fait le ménage par l’aspirateur verbal non pour le prochain locataire d’une telle matière. En accroc bath, il jette la clé à celles et ceux qui s’en croyaient propriétaires veaux races.
jean-paul gavard-perret
Richard Meier, Sans, coll. “face à mains”, éditions Richard Meier, Elne, 2024, non paginé.