Un thriller psychologique fascinant !
Maddie exerce comme psy dans sa maison bourgeoise d’un quartier huppé de Seattle. Sa sœur Jillian, lui reproche de vivre en ermite. Mais que peut-elle faire d’autre quand sa vie a été détruite par la disparition en mer de Josephine, sa petite fille de quatre ans, il y a douze de cela ? Malgré des recherches approfondies, le corps de n’a jamais été retrouvé. Et, elle n’est pas seule, elle a un locataire idéal, Gabriel, qui ne sort jamais de sa chambre au premier étage.
Quand elle découvre sur son pare-brise une enveloppe avec le message : “Je sais ce qui s’est passé sur La Dernière chance. Joséphine est en vie.” Elle est abasourdie et très mal dans sa peau. De plus, on lui donne rendez-vous dans un bar. Elle abuse alors du vin et tombe. Gabriel en rentrant de son footing la trouve à terre dans sa cuisine et l’aide à se remettre. Fortuitement, il prend connaissance du message.
Il a écrit un roman qui a eu un grand succès. Il lui faut en écrire un second et il a trouvé l’endroit idéal, chez Maddie, pour se concentrer. Elle va au rendez-vous. Mais qu’elle n’est pas sa stupeur quand, à l’heure dite, c’est Gabriel qui se présente. Celui-ci lui avoue avoir lu le message et il veut l’aider. De plus, il n’est pas chez elle par hasard, le 19, River street est d’une importance capitale pour lui…
L’auteure compose un récit qui, de rebondissements en coups de théâtre, amène à un dénouement qu’il est quasiment impossible de deviner. Avec deux personnages principaux, bien qu’une petite fille disparue occupe une grande place, la romancière conçoit une intrigue solide. Si Maddie est une personne qui vit un enfer avec la perte de Josephine, Gabriel souffre d’autres tourments dont les causes lui ont été révélées incidemment.
Si l’essentiel de l’histoire se déroule à Seattle, dans le quartier huppé, l’action se déroule aussi à Nantucket et au Botswana où Gabriel vit depuis dix ans, ayant trouvé l’amour et l’épanouissement. Mais son retour casse cet équilibre consacré à la défense de l’environnement.
Laure Rollier développe nombre de ressorts psychologiques de ses protagonistes, accroissant sa galerie de quelques acteurs secondaire, mais importants. Il en est ainsi de Paul, l’ex-époux de Maddie, parti vivre ailleurs avec une autre compagne, de Marcus, le fils aîné qui a dû grandir seul, des parents de Gabriel, de Kara, la femme qui l’a révélé à lui-même…
Avec un style efficace, consacrant quelques trois ou quatre chapitres courts aux principaux protagonistes, alternant ainsi rapidement, les points de vue sur les faits, les situations, les événements, elle dynamise un récit attractif et relance, de cette façon, sans cesse l’intérêt.
19, River street, un superbe thriller, a tout pour séduire avec une galerie de personnages fascinants, des rebondissements comme s’il en pleuvait et un art consommé du récit.
serge perraud
Laure Rollier, 19, River street, Éditions Récamier, coll. “Thriller”, février 2024, 272 p. — 20,00 €.