L’Enfant brûlé (Stig Dagerman / Noëmie Ksicova)

L’explo­ra­tion pon­dé­rée d’une fracture

Cela com­mence dans le noir, avec des paroles d’un jeune enfant qui ne veut pas dor­mir, qui retient sa maman avec force ques­tions, maintes ten­ta­tives de séduc­tion. Puis on assiste sou­dain à la nar­ra­tion de l’événement fon­da­teur, le décès de la mère, à laquelle il était par­ti­cu­liè­re­ment atta­ché.
Le gar­çon, à vif, retourne son aigreur contre son père ; face à cette auto­rité ébran­lée, il se montre assez bon contro­ver­siste. Esseulé, il s’écrit à lui-même, exige des réponses. L’opposition entre le fils et son géni­teur s’exacerbe peu à peu. L’histoire fait inter­ve­nir la nou­velle com­pagne du père (son ancienne maî­tresse) ainsi que la petite amie du jeune homme. Des rela­tions affec­tives com­plexes se nouent entre les personnages.

Les iden­ti­tés res­tent peu incar­nées ; elles sont le plus sou­vent réduites à leur fonc­tion mini­male de civi­lité fami­liale élé­men­taire. Divers pro­cé­dés d’occlusion visuelle fai­sant pré­va­loir le son donnent un tour inti­miste à la repré­sen­ta­tion. Les réjouis­sances sont sou­vent réduites à leur signe exté­rieur, tan­dis que les drames res­tent cachés, expri­més de façon ellip­tique, mais lourds de leur constante pré­sence latente.
Noé­mie Ksi­cova pré­sente un théâtre de la ténuité qui se montre sub­til, cher­chant à sai­sir l’intériorité et ses contra­dic­tions à tra­vers ses aspects quo­ti­diens, insen­sibles, inci­sifs ; le pro­pos est inté­res­sant mais reste affecté par un dyna­misme insuf­fi­sant. La met­teure en scène éla­bore son lan­gage dont elle trou­vera le dyna­misme catalyseur.

chris­tophe giolito

L’Enfant brûlé 

d’après Stig Dagerman 

Mise en scène Noë­mie Ksicova

avec
Lumîr Bra­bant, Vincent Dis­sez, Théo Oli­veira Machado, Cécile Péri­cone, et le chien Mésa.

Adap­ta­tion Noë­mie Ksi­cova ; scé­no­gra­phie Anouk Dell’Aiera ; lumière Natha­lie Per­rier ; com­po­si­tion musi­cale, créa­tion sonore Bruno Maman ; son, col­la­bo­ra­tion à la créa­tion sonore Mélissa Jou­vin ; cos­tumes Caro­line Taver­nier ; dra­ma­tur­gie Auré­lien Patouillard ; tra­duc­tion Éli­sa­beth Back­lund ; dres­sage, accom­pa­gna­trice du chien Vic­to­rine Rei­ne­wald ; assis­tant à la mise en scène Antoine Hirel ; col­la­bo­ra­teurs Jean-Philippe Boc­quet, Marine Mus­sillon, Carole Willemot.

Au Théâtre de l’Odéon — Ate­liers Ber­thier 1, rue André Sua­rès, 75017 Paris. 01 44 85 40 40 https://www.theatre-odeon.eu/fr/saison-2023–2024/spectacles-2023–2024/lenfant-brule

Du 27 février au 17 mars 2024, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, durée 2h20.

Pro­duc­tion Com­pa­gnie Ex-Oblique ; copro­duc­tion Comé­die de Reims – centre dra­ma­tique natio­nal, Odéon-Théâtre de l’Europe, Mai­son de la Culture d’Amiens – pôle euro­péen de créa­tion et pro­duc­tion, Le Phé­nix – scène natio­nale Valen­ciennes pôle euro­péen de créa­tion, Théâtre du Beau­vai­sis – scène natio­nale, avec l’aide de la région Hauts-de-France la com­pa­gnie Ex-Oblique est conven­tion­née par le minis­tère de la culture – direc­tion régio­nale des affaires cultu­relles Hauts-de-France

L’Enfant brûlé (1956) est publié aux édi­tions Gal­li­mard (“L’imaginaire”), 1981.

Le spec­tacle a été créé le 15 novembre 2023 à la Comé­die de Reims.

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