Les voyages dans le temps sont un sujet fréquemment utilisé en science-fiction, un voyage dans le futur ou dans le passé. Pour cette série, les auteurs ont choisi un retour en arrière, conjugué avec l’aviation. S’ils font état des progrès technologiques dans ce domaine, les perspectives possibles, ils reviennent aux origines des avions de combat avec ceux utilisés lors de la Grande Guerre.
Mais parallèlement, ils mettent en scène une suite de situations qui permet à deux naufragés de s’intégrer le temps de trouver une solution, qui semble bien improbable, de repartir dans le futur. Si l’idée de base a été bien utilisée, son traitement est fort novateur avec les capacités et les connaissances du duo.
C’est également le cas des scénaristes qui mettent en commun leurs compétences. Si Patrick Buendia est de formation littéraire, Frédéric Zumbiehl a été pilote de chasse dans l’Aéronautique navale avant de devenir pilote professionnel. Depuis, il a intégré la patrouille des Skytypers, les fameux écrivains du ciel. On retrouve les principaux appareils utilisés lors du conflit ainsi que von Richthofen, Le Baron rouge.
La première rencontre entre Lucie Delosnier, dite La Comtesse, et Duncan Ainsworth se passe bien mal sur un aérodrome de Miami. Celui-ci lui brûle la politesse au moment d’atterrir invoquant une urgence mécanique. Pourtant, ils se retrouvent réunis par Blek pour mener un projet expérimental qui consiste à effectuer le premier vol habité avec la technologie MHD — Magnéto Hydrodynamique — utilisée par les Russes pour des missiles. Lucie est une mathématicienne de haut niveau, Duncan est un pilote d’essai.
Après quelques déboires et ajustements, ils partent tous les deux dans un avion de chasse loué à l’armée. Tout se passe bien jusqu’au moment où une brutale accélération les projette entre deux biplans qui se livrent un duel. Duncan réussit à poser l’avion mais fracasse une grange. Lorsqu’ils sortent, le paysan armé d’un fusil, amateur des romans de H.G. Wells, les prend pour des Martiens dans leur combinaison de vol. Il leur apprend qu’ils ont en France… en 1917 !
Avec Olivier Jolivet au dessin et Nicolas Caniaux à la mise en couleurs, le duo signe un graphisme très réaliste, des scènes aéronautiques de toute beauté. Le travail de documentation dans les deux techniques est flagrant pour présenter des planches exploitant toutes les possibilités de la perspective.
Un premier tome prometteur tant pour les protagonistes, le cadre guerrier, les technologies décrites que pour l’inventivité de l’intrigue et les planches bien réussies.
serge perraud
Patrick Buendia & Frédéric Zumbiehl (scénario), Olivier Jolivet (dessin), Nicolas Caniaux (couleurs), Les Ailes du temps — t.01 : Le Temps des pionniers, Dupuis, Label “Zéphyr”, janvier 2024, 48 p. — 15,50 €.